Revenu d’une tournée océanienne très encourageante pour France 7, le joueur du Rugby Club Toulonnais fait le bilan de cette nouvelle expérience avec le groupe tricolore avant l’étape de Los Angeles dans deux semaines. (Crédit photo : José Edo Valdecasa)

Rayan, peux-tu nous parler de ton histoire avec le rugby à 7 ?

Rayan Rebbadj : J’ai participé au tout premier In Extenso Supersevens qui s’est déroulé à Paris La Défense Arena en 2020. Je ne m’étais pas forcément révélé mais j’avais fait un bon tournoi et j’étais parti ensuite avec France Développement pour un stage en Afrique du Sud. Je ne comprenais pas encore vraiment le 7 à ce moment-là. Je le regardais simplement à la télévision de temps en temps. Puis les mois sont passés et j’ai continué à jouer à 15 avec le Rugby Club Toulonnais jusqu’à l’In Extenso Supersevens 2021. J’étais blessé pendant les étapes d’Aix-en-Provence et de Toulouse mais j’ai eu l’autorisation de jouer sur la dernière étape à La Rochelle. J’ai réussi à me montrer à cette occasion et Christophe Reigt (le manager des équipes de France à 7 NDLR) m’a appelé pour me dire que j’étais sélectionné pour participer à des stages avec France 7. J’ai donc effectué un tournoi amical à Elche (en Espagne NDLR), puis je suis revenu disputer la finale de l’In Extenso Supersevens à Paris La Défense Arena en novembre 2021, avant de partir pour Dubaï et mon premier tournoi officiel.  

Qu’as-tu aimé dans le 7 ?

RR : J’ai très vite apprécié ce sport pour l’esprit d’équipe qu’il dégage et cette cohésion que l’on met pour tenter de gagner des tournois. Les changements de rythme et la maîtrise du tempo sont également des aspects très intéressants. 

Que t’ont apporté les tournois de l’In Extenso Supersevens dans ta découverte du 7 ?

RR : J’ai participé à l’In Extenso Supersevens sans aucune connaissance du 7. J’y suis allé avec Toulon dans l’optique de prendre du plaisir et d’essayer de gagner un tournoi. Je me suis alors bien régalé ! De pouvoir jouer avec autant d’espace m’a rapidement fait me sentir dans mon monde. J’ai pris tellement de plaisir que je me suis demandé si je pouvais continuer et aller plus loin. Et c’est à ce moment-là que j’ai été appelé par France 7.

Comment fonctionnes-tu aujourd’hui entre le 15 avec le RCT et le 7 avec l’équipe de France ?

RR : Cela se passe comme une sélection classique. Je suis avec Toulon en priorité et je dois rester si le club a besoin de moi. Mais si France 7 veut vraiment me solliciter sur une période, je peux être libéré. Le 7 est en tout cas très bénéfique car il permet de travailler des points sur lesquels nous ne sommes pas forcément très à l’aise et de pouvoir les mettre en œuvre ensuite sur le 15. Personnellement, tant que je joue et que je prends du plaisir, ce système me va. Et puis, c’est un rêve de gosse de voyager, passer à la télévision et de représenter son pays.

Rayan Rebbadj (en blanc) à la lutte au ballon face à la Section Paloise lors de la finale de l’In Extenso Supersevens 2021. (Crédit photo : Antoine Saillant)
Les supporters fidjiens déchaînés à Hamilton. (Crédit vidéo : José Edo Valdecasa)

Concernant la tournée en Océanie, à Hamilton (Nouvelle-Zélande) et Sydney (Australie), c’était la première fois que tu te déplaçais là-bas ?

RR : Oui ça l’était ! Cela allait au niveau du décalage horaire car j’ai déjà fait Singapour, Hong Kong, Vancouver et Los Angeles. Même si ça a un peu tapé les premiers jours, c’était une expérience hors du commun ! Rien que d’aller à Nouméa (en Nouvelle Calédonie NDLR) avant pour se préparer, c’était incroyable. Et puis personnellement, j’avais aussi un peu de famille en Australie donc j’étais très content.

Vous avez donc commencé par Hamilton. Un tournoi qui a mal débuté face aux Fidjiens, mais qui par la suite vous a souri puisque vous avez atteint les demi-finales. Qu’est-ce qui vous a fait vous relever après ce premier match manqué ?

RR : On a déjà fait une très grosse semaine de préparation à Nouméa, dans la chaleur. On a beaucoup travaillé sur la préparation physique mais aussi sur la cohésion d’équipe par diverses activités. Cela nous soude pour les tournois et nous donne envie d’aller encore plus loin. Nous sommes beaucoup de jeunes à être arrivés, sans forcément d’expérience au départ, et nos premiers tournois étaient un peu irréguliers. Mais désormais, on se connaît tous par coeur et on veut aller plus haut ensemble. C’est ce qui fait notre force.

Malheureusement, ça n’a pas suffi pour battre les Néo-Zélandais en demies. Mais on imagine que jouer les All Blacks Sevens chez eux, ça devait être très impressionnant…

RR : Surtout qu’il a fait beau toute la journée et qu’il a commencé à pleuvoir comme par hasard pendant notre match… Le ballon était glissant, on se faisait chambrer et il fallait rester froid. Mais nous n’avons pas réussi à le faire. On a pris deux cartons jaunes, et à 7, ça ne pardonne pas. Mais le match qui m’a le plus marqué, c’est notre premier contre les Fidji. Je ne pensais pas que l’ambiance au stade serait aussi chaude, il n’y avait que des supporters fidjiens. Ça criait et ça chantait partout !

Vous avez enchaîné avec Sydney et une nouvelle quatrième place, mais surtout, une belle victoire contre l’Australie chez elle…

RR : Je n’ai jamais vu l’équipe aussi concentrée qu’avant ce match. On avait tous envie de gagner contre les Australiens (champions en titre sur le circuit mondial NDLR) chez eux. Avant cette rencontre, on s’était dit les choses que l’on ne devait pas faire et ça s’est bien passé. Lorsque Thomas Carol a claqué son drop (pénalité de la gagne NDLR) et qu’il nous a envoyé en demies, on était les plus heureux !

Peux-tu nous raconter ce moment particulier ?

RR :  En fait, je ne voulais pas le laisser taper ! (il rigole) Je lui ai dit de donner le ballon à Paulin (Riva NDLR) car il s’entraîne pour ça. Mais en regardant Paulin, j’ai vu qu’il était cramé. Finalement, Thomas m’a dit : “ne t’inquiète pas, je la prends”. Il a fini par la mettre et on lui a tous sauté dessus de joie. Je lui ai dit ensuite que je ne lui dirai plus jamais non.

Malheureusement, vous avez encaissé deux nouvelles défaites derrière contre les All Blacks et les Fidjiens. Selon toi, que faut-il aujourd’hui pour passer ce cap et vaincre ces équipes qui vous font de la résistance ?

RR : L’équipe de France de rugby à 7 grandit. Je pense que l’on a aujourd’hui les capacités et l’effectif pour battre ces équipes. Mais il faut que l’on arrive à rester dans notre plan de jeu car on a parfois tendance à s’en éloigner. Il faut faire rapidement tomber ces joueurs-là, qui arrivent bien à jouer debout, et à un moment ils vont commencer à s’exciter puis faire tomber les ballons. Jérôme (Daret, l’entraîneur de France 7 NDLR) nous fait travailler la maîtrise du tempo, c’est la clé contre des équipes comme celles-là. On n’a pas eu de chance non plus, on est tombés trois fois contre les Fidjiens et deux fois contre les Néo-Zélandais. Mais si on joue souvent contre ces équipes, cela veut dire aussi que l’on progresse et que l’on va loin.

Quel bilan tires-tu de cette tournée ?

RR : Je n’ai jamais pris autant de plaisir que sur cette tournée. Et puis, on termine deux fois quatrièmes ce qui est ultra positif. Même si on ne ramène pas la médaille, l’équipe s’est encore plus soudée après ces deux tournois. 

Pour se projeter sur la fin de saison à venir et la tournée américaine, le dernier carré reste l’objectif ou vous visez plus haut ?

RR : Les anciens, Jonathan Laugel, Stephen Parez-Edo, Paulin Riva, nous disent souvent qu’ils sentent que l’on va gagner un tournoi et qu’ils n’ont jamais vu l’équipe à un tel niveau. Cela ne peut que nous donner envie de faire encore plus et d’aller remporter une étape ! En tout cas, on met tout en œuvre pour le faire et on travaille dur. Quand on voit que les Argentins gagnent à Hamilton, alors qu’on les a battus à Dubaï, on se dit que c’est possible pour nous aussi. Je pense que nous ne sommes pas encore arrivés à notre meilleur niveau.

Rayan Rebbadj prend de l’assurance au fil des tournois avec France 7. (Crédit photo : World Rugby)
La cohésion d’équipe, force majeure de France 7 cette saison. (Crédit photo : World Rugby)