L’ancien international tricolore mène son projet autour du 7 par le bon bout du côté de l’île Maurice. Crédit photo : Mauritius Rugby.
Le rugby à sept mauricien, réservoir de futur talents ? C’est en tout cas dans ce sens que Jean-Baptiste Gobelet, ancien international français, a lancé son projet sur la petite île de l’Océan Indien. Petite, oui. Pauvrement peuplée, certes. Mais sportive, sans aucun doute ! Et quand le rugby s’y mêle, le résultat est stupéfiant ! Ainsi, le 30 janvier dernier, lors d’un tournoi de pré-qualification au Lesotho, l’Île Maurice a obtenu sa qualification pour la Coupe d’Afrique. Une performance retentissante ! “Ce tournoi représentait une qualification pour la Coupe d’Afrique tout d’abord, mais aussi le retour à la compétition du rugby mauricien”, précise Jean-Baptiste Gobelet. “Des équipes comme le Botswana ou le Lesotho contre qui nous avions perdu à plusieurs reprises sont cette fois-ci tombées deux fois face à nous, ce qui montre le travail important mené avec nos joueurs et sa réussite. Ce tournoi était également marquant, car c’est la première compétition à 7 que remporte officiellement l’Île Maurice. 5 matchs pour les garçons, cela n’avait jamais été fait, et même un match gagné pour les filles sur la scène africaine (elles terminent au final troisièmes sur la compétition), cela n’avait pas été réalisé. On voit donc qu’il y a eu une belle marche de progression”. Des rugbymen et rugbywomen mauriciens qui ont fait sensation sur la scène africaine, quitte à être désormais pris pour des concurrents sérieux sur les prochaines échéances. D’autant que l’équipe masculine a terminé invaincue ! Une grande première ! Quitte à être saluée par des icônes du rugby mondial…
Historic day for rugby in mauritius 🇲🇺
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First trophy in Africa for Men’s sevens and Bronze medal for Women’s sevens #MauritiusRugby pic.twitter.com/Kp13CVsbXp
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Un travail sous le signe de l’olympisme
Mais ce résultat n’est pas le fruit du hasard. Il n’est qu’un premier aboutissement du long travail effectué en amont par le rugby mauricien, comme nous l’explique l’ancien septiste : “Ce tournoi devait se faire vers fin décembre-début janvier. Nous avons donc rassemblé tous les joueurs et joueuses dès le mois de juillet pour pouvoir travailler ensemble. Certains joueurs “oversea” (n’habitant par sur l’Île Maurice) nous ont rejoint rapidement et nous avons envoyé des programmes spécifiques pour les autres. Globalement, nous nous sommes entraînés trois fois par semaine et nous avons également réalisé des camps régulièrement. Avec la pandémie et l’incertitude liée au tournoi, on a utilisé la période de Noël pour pouvoir également s’entraîner intensivement. Le tournoi s’est finalement tenu au Lesotho fin janvier et nous avons pu présenter un squad féminin et un masculin”. Un travail effectué avec les joueurs donc, mais également sur l’aspect du coaching puisque le rugby mauricien a profité de la pandémie pour former 52 coachs sur l’île, que ce soit selon les Level 1 et 2 de World Rugby, à 7 et à XV. Dans l’objectif de former des joueurs et joueuses de la meilleure façon possible, grâce entre autres à l’intégration du rugby par la vocation olympique chère à l’Île Maurice. “Aujourd’hui, dans le programme olympique, il y a 11 joueurs de rugby et 18 autres athlètes.” poursuit Jean-Baptiste. “Quand on mélange les différentes disciplines ensemble, on sent qu’il y a cet échange, notamment en ce qui concerne la discipline et la rigueur. Pour moi, cela est beaucoup plus porteur dans le développement de l’athlète. L’athlète olympique a besoin de découvrir les fonctionnements des autres sports pour optimiser sa préparation”.
Les jeunes comme cible prioritaire
Cet accent olympique, il est aujourd’hui porté sur les jeunes qui représentent l’avenir du rugby à 7 mauricien. Dès 12 ans, ils sont intégrés à la culture septiste par la pratique et les codes à appréhender. Un gain de temps considérable pour l’entraîneur Jean-Baptiste Gobelet, qui a poussé pour développer les « Academy of Sport » qui permettent aujourd’hui à ces jeunes de suivre un programme digne des sportifs de haut-niveau : “Le rugby n’est pas professionnel ou semi-professionnel à Maurice, donc envoyer un joueur le matin en musculation et l’après-midi sur le terrain, c’est quasiment impossible. Et aujourd’hui, les seuls profils capables de s’engager à 100%, ce sont les jeunes ! On les a donc mis dans ces structures, à travers un programme piloté notamment par la LFE et l’UNSS qui met en avant les sports olympiques, dont le rugby, grâce à un rythme d’entraînement par semaine assez important puisque l’on approche les 20 heures. Pour nous, cela se découpe en 2h de musculation le matin (incluant la partie cardio) et 2h de rugby l’après-midi. Un accompagnement est également fait sur la partie préparation mentale, mais aussi sur la nutrition et l’aspect cognitif/décisionnel. On s’est beaucoup basés sur le modèle scolaire américain pour les sportifs de haut-niveau”. Des « Academy of Sports » qui auront notamment pour objectif de développer la compétitivité des équipes mauriciennes, mais aussi d’inculquer le tourisme sportif, avec l’accueil d’événements prestigieux, comme ce sera le cas du tournoi scolaire sud-africain qui se tiendra cette année sur l’île.
En attendant direction la Coupe d’Afrique pour l’équipe masculine qui aura à coeur de représenter les 750 pratiquants du rugby mauricien. Même si l’entraîneur en chef, Jean-Baptiste Gobelet, ne s’emballe pas, lui qui connaît désormais bien le niveau international à sept : “Si la victoire dans la zone sud a boosté le rugby mauricien, il ne faut pas que l’on rêvasse. Nous devons garder les pieds sur terre et travailler. Depuis cette étape, il n’y a pas eu de break, les joueurs sont déjà retournés sur le terrain et ont la tête tourné vers les prochains objectifs. Pour les garçons, il va y avoir la Coupe d’Afrique de ce fait, mais aussi les qualifications pour les Jeux du Commonwealth et la Coupe du monde. Même si l’on sait que le niveau va être très élevé et que les places sont très réduites. Ce n’est pas dans nos objectifs pour l’instant, on espère déjà pouvoir figurer dans le Top 10 africain et ne pas être dans le dernier wagon. Aujourd’hui, un certain nombre d’équipes oscille régulièrement entre la cinquième et la douzième place. On va donc tenter de rivaliser contre ces nations-là. Des équipes comme le Kenya, l’Ouganda, le Zimbabwe, Madagascar ou encore la Zambie sont elles d’un autre niveau”.