À la veille de la finale de l’In Extenso Supersevens, l’entraîneur du Racing 92 Natixis Sevens, Joe Rokocoko, s’est confié sur le parcours de son équipe tenante du titre et a partagé sa vision du Sevens en tant qu’ancien All Black à XV et à sept.
Comment sentez-vous votre équipe avant cette finale de l’In Extenso Supersevens ?
Joe Rokocoko : Excitée ! Je le ressens depuis que nous sommes arrivés à l’hôtel et que nous avons vu les autres équipes, cela commence à devenir réel et nous sommes excités de démarrer la compétition. Nous avons passés trois, quatre jours ensemble pour se préparer et je crois que nous n’aurions pas pu faire mieux. Je suis très content de l’état d’esprit de l’équipe tout au long de la semaine.
Quel bilan avez-vous tiré des étapes estivales ?
JR : Nous avons très rapidement retiré les leçons des trois tournois. Sur le premier, nous avons manqué de discipline sur la finale (défaite contre Pau 24-26 ndlr) et nous avons perdu trop facilement les duels en un contre un, globalement, nous avons manqué de patience. Sur le deuxième tournoi, la touche n’a pas bien marché avec notamment deux ballons perdus en zone de marque face à Monaco (défaite en quart de finale 10-19 ndlr) et face à ce genre d’équipe, cela coûte très cher. À La Rochelle, nous voulions tenir le ballon un peu plus et c’est le tournoi où nous avons le plus utilisé le jeu au pied. Nous avons énormément rendu le ballon. Ces trois tournois nous ont permis de nous rendre compte que les petits détails peuvent faire une grande différence dans un match de Sevens. Nous avons travaillé pour être très précis sur ces différents points ce week-end.
Le Racing 92 a remporté la première édition de l’In Extenso Supersevens et la finale se joue à La Paris La Défense Arena, votre stade, ressentez-vous une pression particulière sur vos épaules ?
JR : Nous attendons beaucoup de nous-mêmes car nous voulons tenir le rang de l’équipe qui a gagné la compétition lors de l’édition précédente. En revanche, nous ne regardons pas trop ce qui se passe à l’extérieur. C’est un nouveau groupe et nous nous concentrons sur ce que nous avons à faire pour être performants. Comme vous l’avez vu, il va y avoir de nombreux spécialistes du sept sur cette finale et j’ai dit à mes joueurs de se rendre compte de la chance qu’ils ont de se confronter à eux. C’est précieux de pouvoir se tester face à ces joueurs habitués de la discipline.
Qu’attendez-vous de vos joueurs lors de cette finale ?
JR : J’ai envie qu’ils profitent de cette expérience, du moment, tous ensemble, qu’ils se nourrissent de tout pour garder un fort esprit collectif car tout peut aller très vite avec la fatigue. J’attends qu’ils travaillent les uns pour les autres. Nous n’allons pas avoir l’équipe la plus solide, ni la plus rapide ou encore la plus expérimentée en Sevens, mais nous voulons montrer que nous sommes l’équipe qui a le plus gros caractère. C’est la priorité.
Quel regard portez-vous sur l’In Extenso Supersevens ?
JR : Je crois que c’est une formidable expérience pour le public français de découvrir ce qu’est le rugby à sept. La majorité des joueurs de l’hémisphère sud commencent leur carrière par le Sevens donc c’est une très bonne chose. Les bases sont bonnes, l’ambiance aussi et le public est chaud. Sur le terrain, les joueurs prennent du plaisir sans se prendre trop la tête et avec beaucoup de sourires. C’est une autre manière de représenter le club, d’exprimer son talent et peut-être d’atteindre l’équipe nationale. Il y a le XV et maintenant le sept qui est une autre porte d’entrée pour des jeunes joueurs.
La bascule entre le XV et le sept est souvent compliqué à faire quand on n’a pas l’habitude, que pensez-vous du niveau de jeu affiché depuis le début de la compétition ?
JR : Je trouve ça plutôt pas mal. On a vu petit à petit l’intérêt qui a grandi pour cette compétition et la qualité du jeu a augmenté aussi. C’est un vrai challenge de passer du XV au sept car ce sont deux disciplines vraiment différentes. On le voit sur le terrain, il y a toujours cette idée de jouer son duel, de chercher la confrontation, le contact propre au XV. Je pense que d’ici deux ou trois ans à travailler et comprendre le sept, le niveau aura considérablement augmenté. Je suis sûr que dans le futur, ce sera l’un des plus gros tournois de Sevens avec les meilleurs joueurs du monde qui viendront frapper à la porte pour être joker dans nos équipes et prendre part à cette compétition.
Vous avez démarré votre carrière en Nouvelle-Zélande par le rugby à sept, c’est quelque chose de répandu dans l’hémisphère sud mais moins en France. Qu’est-ce que cela vous a apporté ?
JR : J’ai commencé à jouer en équipe nationale à 19 ans et j’ai donc appris très jeune à être fort mentalement, à travailler dur pour l’équipe. Le Sevens te donne la place pour t’exprimer, prendre du plaisir et être toi-même sur le terrain. C’est un super sport pour les jeunes joueurs car cela accroit leur technique individuelle avec des passes, toujours des passes, notamment sous fatigue. Il y a aussi un gros travail de vitesse, d’endurance et d’agilité. Le rugby à sept est un jeu vraiment très dur car vous devez jouer chaque action à 100%, vous ne pouvez pas être à 80%. Si tu perds un ruck ou rates un plaquage, il y a beaucoup de terrains à couvrir par tes coéquipiers pour rattraper le coup donc la connexion entre les joueurs est prépondérante. C‘est l’un des seuls sports collectifs où votre caractère est, à ce point, mis à rude épreuve. En fait, vous devez tout faire en étant fatigué, c’est le test ultime pour un joueur complet car les conditions de jeu sont extrêmes. J’ai adoré ça.
Il y a de nombreux jeunes joueurs qui découvrent le Sevens depuis cet été grâce à cette compétition et certains tapent même à la porte de France 7…
JR : Oui, c’est un début mais j’espère que le sélectionneur de France 7 a déjà découvert d’autres options pour composer son effectif car il y a plein de jeunes joueurs talentueux en France. Grâce à cette compétition, toutes les équipes professionnelles s’entraînent à sept au cours de la saison, j’espère que nous allons réussir à les aider tous ensemble. C’est un challenge excitant surtout avec la perspective des Jeux Olympiques de Paris 2024.