Les capitaines respectifs des 7 Fantastics et des Seventise, Nicolas Pouplot et Maxence Blanc, reviennent sur cette saison bien remplie pour les deux associations françaises. Avec deux tournois remportés pour la première et trois pour la seconde, le bilan est très positif quelques mois avant l’ultime rendez-vous de l’année 2021 au Howard Hinton Sevens (30-31 octobre).
Messieurs, la saison a été courte et particulière pour tout le monde, comment vous y êtes-vous préparés en terme d’organisation ?
Nicolas Pouplot : Nous n’avons pas pu trop l’anticiper car on s’était tous imaginés que nous n’allions pas pouvoir jouer. On était donc très contents de pouvoir matcher. Tout s’est déclenché lorsqu’il y a eu l’annonce des tournois. À partir du moment où nous nous sommes inscrits, on a réfléchi à comment s’organiser pour le déplacement, le logement, la nourriture. Sur le circuit européen, ça s’est souvent très bien fait. Notamment à Andorre et au Med Sevens, où en payant le package on avait accès à tout. C’est sûr que c’est beaucoup plus facile pour nous quand tout est pris en charge.
Maxence Blanc : Avec le COVID 19, on ne savait pas trop où on allait. On a toujours espéré que des tournois se fassent, mais sans certitudes. On est donc allé pas à pas dans cette saison. Il y a eu tout d’abord ce tournoi à Andorre où on savait que ce serait maintenu, puisque situé hors de France. Puis petit à petit on a construit notre saison, mais c’est vrai qu’il était difficile de prévoir les groupes comme les autres années. Cela s’est fait vraiment progressivement tournoi après tournoi.
Et au niveau sportif ?
NP : Nous avons un groupe où nous sollicitons les joueurs pour savoir qui veut participer aux tournois. C’est surtout Benjamin Prier qui s’en occupe et il essaye de composer ses équipes en fonction des tournois. Puis, en fonction des disponibilités de chacun, nous faisons monter différents gars dans le groupe. L’idée, c’est d’avoir un noyau dur de joueurs, une vingtaine environ, sur lesquels nous pouvons nous appuyer. C’est en tout cas ce que nous avons essayé de faire cette année. Mais c’est très compliqué car certains joueurs ne sont pas toujours libérés par leurs clubs à XV et d’autres hésitent à s’engager. Après par rapport au COVID, je n’ai pas trouvé ça plus difficile que les autres années. Au contraire, on avait un certain nombre de demandes de la part de mecs qui n’avaient pas joué depuis un certain temps.
MB : Pour le coup, notre association possède un bureau important avec des joueurs basés en Île-de-France et nous avons également la chance de pouvoir compter sur des joueurs désormais confirmés, qui jouent de façon récurrente avec nous. Même si ces joueurs-là viennent plutôt du Sud donc il est difficile de s’entraîner avec eux en amont. Malgré tout, on sait que quand on arrive sur le tournoi le jour J, cela va bien se passer, car l’on a ce passé collectif. Nous avons ce principe de joueurs récurrents qui revient chez nous. En général, nous n’allons pas sur un tournoi si nous n’avons pas un minimum de ces joueurs. Il est important pour nous d’avoir des joueurs de base Seventise avec un esprit Seventise avant d’attaquer un tournoi. Et puis, grâce à nos résultats, nous avons également la chance d’avoir des joueurs aujourd’hui qui se manifestent pour jouer avec nous. Ce n’était pas le cas avant.
Premier tournoi à Andorre, comment avez-vous ressenti cet événement sur le plan personnel et collectif ?
NP : On a eu la chance de pouvoir faire un stage la semaine d’avant avec les South Sevens et les Samoa qui préparaient le TQO (Tournoi de Qualification Olympique) avec la moitié de notre groupe présent à Andorre. C’était une bonne préparation ! Globalement, ce que j’ai ressenti à la fois sur le plan personnel et collectif, c’était énormément d’excitation à l’idée de reprendre ! Lors du premier échauffement au stage, il y avait une émulation incroyable ! On sentait vraiment le plaisir de chacun de regoûter à cette pratique. Bien évidemment, il y a eu des vilains réflexes de XV à gommer et il a fallu reconstruire une identité collective, mais petit à petit nous y sommes arrivés à Andorre. Notamment grâce à notre coach Jonathan Marquet avec qui nous travaillons très bien. On a très mal démarré avec une défaite contre les South mais derrière nous avons réussi à nous remettre d’aplomb et à réaliser un très bon tournoi.
MB : Très heureux de revoir les têtes de nos joueurs qu’ils soient à Limoges, dans le sud ou autres. Après rugbystiquement, c’était dur, très dur. Le 7 demande un entraînement vraiment spécifique et les premiers tournois sont toujours délicats. Habituellement, je pousse chaque année l’association à participer à des tournois de préparation, de type universitaire souvent, ce qui permet de mieux nous préparer avant d’attaquer ceux des circuits. Mais là c’était compliqué cette année de se préparer mentalement et physiquement pour quelque chose que l’on n’était pas sûr de faire. Et puis, pour revenir sur Andorre, ce tournoi a été compliqué non seulement d’un point de vue physique, mais également stratégique. Quand on ne joue pas pendant longtemps à 7, on a tendance à oublier les principes. On s’est donc fait un peu prendre là-dessus au départ, on a manqué de lucidité.
Dernier tournoi à Prague, quel sentiment vous a envahi à l’issue de cette saison ?
NP : Content d’avoir pu jouer et performer. Car nous avons toujours disputé les hauts de tableau. Nous avons fait deux victoires, une deuxième et une troisième place. Donc globalement, le bilan est plutôt positif. Désormais, on essaye aussi de faire un bilan un plus poussé, c’est-à-dire comment est-ce que l’on peut encore mieux performer pour prendre une dimension encore plus structurée dans le temps et avoir une base de joueurs encore plus solide. Aujourd’hui, nous avons un gros turn-over de joueurs sur les tournois et cela nous freine. À cause de ça, nous n’arrivons pas à avoir une continuité sur notre niveau de jeu lors des tournois. À chaque fois il faut tout revoir et tout reconstruire, c’est problématique. On a l’impression depuis pas mal de temps que nous avons moins cette force collective qui émane par exemple des Seventise. Alors ça peut payer sur certains tournois, mais sur d’autres ça nous fait défaut.
L’idée c’est d’être plus comme un vrai club, d’avoir moins de turnover, d’avoir un noyau dur de joueurs. Mais on sait bien que nous ne pouvons pas solliciter les joueurs de Nationale, Fédérale 1 ou encore ceux de Massy tous les week-ends pendant un mois et demi. On a toujours, depuis le lancement de notre association, mis des entraînements en place ouverts à tous pour développer l’accès à la pratique. L’idée serait donc d’avoir un maximum de nos joueurs des tournois présents sur ces entraînements. Mais c’est compliqué car nous sélectionnons des joueurs venus de toute la France. Alors on réfléchit à mettre plus de stages en place ou des choses comme ça, mais les gars sont déjà tellement sollicités…
MB : Au fur et à mesure de la saison, on a réussi à retrouver nos principes de jeu et on est montés en puissance. Ça s’est notamment ressenti au Med Sevens et à Prague où l’on termine en apothéose. Donc un bilan plutôt positif. Et même si l’on a eu du mal à démarrer sur les premiers tournois, cela fait du bien aussi d’avoir été dans la difficulté. C’est plus efficace de reconstruire après la défaite. Quand tu gagnes, la remise en question est moins importante.
Prochain objectif, le Howard Hinton Sevens et le titre de champion de France en vue, quelles vont être les étapes avant la fin ?
NP : On va déjà essayer de se caler fin août un comité directeur pour faire le bilan de cette saison et mettre en avant les axes d’évolution. Puis essayer pour le Hinton de caler un groupe de joueurs très tôt et tenter d’effectuer des entraînements en commun avant. Dans l’objectif d’avoir quelque chose d’assez structuré pour arriver le plus préparé possible sur cette compétition.
MB : Notre saison s’est réellement terminée au Anglet Beach Rugby Festival. Un moment très sympa où les garçons et les filles de l’association ont pu se retrouver. Concernant le Howard Hinton, en tant que gestionnaires d’association et passionnés de 7, nous l’avons forcément dans la tête, mais ce n’est pas le cas de la majorité du rugby français. Il va donc falloir s’adapter. On sait que l’on aura une base de joueurs qui sera présente. Si l’on arrive à s’entraîner en amont, ça serait le top, mais cela ne va pas être évident. Concernant le groupe, on va attendre pour l’instant car il y a beaucoup de choses qui vont se passer d’ici là. Dans tous les cas, c’est une superbe nouvelle que ce tournoi ne soit pas annulé et juste reporté. Et puis, je reste persuadé que la période septembre/octobre peut-être un moment où l’on peut continuer de jouer à 7 avec les associations. J’espère vraiment que d’autres tournois suivront le mouvement.
Merci messieurs, un dernier mot ?
NP : Un grand bravo à notre président Benjamin et à sa compagne Aurélie, ainsi qu’à tous les dirigeants d’associations de Sevens en France qui font bouger les choses !
MB : Bonne chance à vous pour ce nouveau média ! On prendra du plaisir à vous suivre et c’est une bonne chose pour le rugby à 7 !
Crédits photo : Antoine Saillant / L’Ovalie de Valou / Léa Jaime Pomares