À quelques jours de son premier Hong Kong Sevens, l’entraîneur de France 7 Masculin, Benoît Baby, revient sur le début d’année des Bleus et se projette sur cette tournée asiatique.

Benoît, comment analysez-vous le dernier tournoi à Vancouver ?

Benoît Baby : C’est notre moins bon résultat mais c’est le tournoi qui nous apporte le plus de questionnement et de certitudes sur notre caractère. C’est très intéressant de voir l’état d’esprit des joueurs se développer. C’est aussi la première fois qu’on a joué l’Argentine cette saison, une équipe de très haut niveau qui nous a contraint à élever notre niveau sur certains points. Au final, le tournoi est décevant en termes de résultat car nous aurions aimé faire mieux que la huitième place. Mais il est positif par rapport à l’état d’esprit, au process de travail et tout ce que cela a engendré comme questionnements.

Quels sont les secteurs de jeu dans lesquels vous avez senti une progression ?

Benoît Baby : Notre défense et notre capacité de résilience ont été plutôt exceptionnelles. Notre capacité à changer de rythme à certains moments a été plutôt intéressante aussi. À chaque fois que l’on a tenu le ballon avec cohérence, on a été en capacité de marquer ou de breaker donc il y a plein de choses positives sur le tournoi. Mais parfois, c’est bien aussi de prendre une claque, à un moment donné, sur le classement pour comprendre les bienfaits de tout ça. Je crois que c’est ce qu’on avait besoin par rapport à notre début de saison cohérent. On va voir maintenant notre capacité de réaction collective sur un tournoi complet.

Vous êtes toujours cinquièmes au classement général mais l’écart s’est creusé avec le top 4, en quoi ce tournoi va vous aider à grandir ?

Benoît Baby : Cela nous montre l’engagement, l’agressivité et la précision qu’il faut mettre pour performer et gagner dans ce SVNS Series. Les Argentins nous ont battu deux fois avec un essai d’écart donc cela se joue à peu de choses, on avait les moyens de s’imposer. Cela nous montre que ce que l’on a fait jusque là n’était pas suffisant pour battre des équipes qui veulent remporter cette compétition. Cela nous a questionné et beaucoup de joueurs se sont remis en question pour bien préparer cette nouvelle tournée.

Quel est l’objectif de cette tournée asiatique à Hong Kong et Singapour, les deux dernières étapes avant la Finale à Los Angeles ?

Benoît Baby : Au niveau comptable, notre qualification n’est pas encore actée mais un bon résultat au premier tournoi nous permettra de nous qualifier. Ce n’est pas le premier objectif pour nous. On y va toujours dans le but de progresser, de continuer à développer notre projet et de performer. On veut être le plus exigent possible sur ce que l’on veut faire pour challenger les quatre équipes qui sont devant nous au classement. L’objectif est de sortir des poules et de faire le mieux possible pour construire le futur et l’héritage de France 7.

Le Hong Kong Sevens est un tournoi mythique du Circuit mondial, à quoi vous attendez-vous ?

Benoît Baby : Tout le monde m’a parlé du Hong Kong Sevens, c’est LE tournoi qui incarne la discipline. Je ne l’ai jamais fait donc pour moi cela va être une découverte. Cela peut être exceptionnel même si je vais essayer de ne pas trop m’attarder sur ce qu’il se passe autour ou dans les tribunes car je veux rester focus avec mon équipe. Je suis là pour aider les joueurs à performer, à gagner et leur faire comprendre plein de choses. Ce qui est bien c’est que l’on a déjà vécu une finale à Cape Town donc cela va nous aider à appréhender ce genre de tournoi sous pression en se disant que cela doit nous exciter plutôt que nous tirer vers le bas. Ce fameux tournoi de Hong Kong peut-être intéressant pour voir comment notre état d’esprit peut évoluer dans l’optique de remporter un tel évènement.

Vous allez affronter l’Espagne, la Grande-Bretagne et le Kenya en poule, quel regard portez-vous sur ces futurs adversaires ?

Benoît Baby : C’est une poule compliquée et homogène. On a battu GB sur un tournoi, ils nous ont battu à Vancouver, on sait ce qu’il faut mettre en place pour les battre et surtout ce qu’il ne faut pas faire pour leur donner l’opportunité de nous punir. On connait bien l’Espagne aussi car on l’a déjà joué quatre fois. Les Espagnols font une super saison avec un jeu bien maîtrisé, c’est intéressant de les affronter. Quand au Kenya, on sait que si on n’y met pas les basiques, c’est compliqué d’exister contre eux. On l’a montré au Canada, il faut qu’on soit très exigent sur les bases pour mettre notre rugby en place. Chaque rencontre sera différente donc cela va être intéressant de voir comment on réagit face à chaque adversaire.

Un mot sur le groupe qui va disputer cette tournée, il y a encore quelques blessés mais aussi des retours importants comme celui des Champions olympiques Antoine Zeghdar et Andy Timo…

Benoît Baby : Oui, Varian Pasquet souffre encore de son pied, il est en train de se soigner et va bientôt revenir. L’importance c’est de faire venir des joueurs, de les développer, de leur faire comprendre ce qu’est le 7 et d’avoir des joueurs qui sont là depuis très longtemps, avec une expérience du haut niveau en SVNS Series, pour les accompagner à être prêt stratégiquement comme physiquement. On est là pour aider les clubs et les joueurs à se développer pour qu’ils soient meilleurs quand ils rentrent. On est là aussi faire rayonner France 7 donc c’est bien que l’on puisse avoir les meilleurs joueurs possible.

Andy Timo n’a pas caché sa joie de retrouver France 7, c’est un joueur que vous connaissez bien.

Benoît Baby : J’ai eu Andy en Moins de 20 ans, on a été champions du monde ensemble et on avait déjà énormément sympathisé. Il connaît ma philosophie de rugby avec cette liberté laissée aux joueurs dans le jeu. Le retour avec ses potes et tous les nouveaux joueurs qu’il a découvert, le fait de prendre du plaisir sur le terrain, ça lui donne ce grand sourire. Je suis content de voir Andy comme ça.

À titre personnel, comment vivez-vous ce premier exercice à la tête de ce groupe ?

Benoît Baby : Ça se passe bien, j’apprends beaucoup sous la contrainte de la pression des matchs et des tournois. Cela me permet de me mettre dans une situation plutôt difficile car à quinze tu as le temps d’analyser, de regarder les petits détails, de trouver ta stratégie. À sept, cela va tellement vite que tu ne peux pas être aussi précis dans ton discours. Il faut l’accepter et accompagner le groupe de la meilleure des manières pour l’aider à créer une dynamique positive. Je dois encore m’améliorer pour être plus pertinent dans ce que je dis et trouver des opportunités pour me faire grandir au niveau du management comme du coaching. Pour l’instant, je prends beaucoup de plaisir à ça et à voyager avec les mecs. On vit ensemble, on se découvre, il y a plusieurs caractères, j’adore discuter avec eux et je trouve que j’ai déjà changé humainement. On s’entraîne aussi avec d’autres équipes et j’adore ces moments d’échanges. J’espère que cette expérience fera de moi un meilleur entraîneur dans les années à venir.