L’entraîneur de France 7 Féminin revient sur l’actualité des derniers mois pour son équipe et se projette sur une saison exceptionnelle à venir. (Crédit photo : José Edo Valdecasa)
Et si la gagne collait désormais à la peau de cette équipe de France à 7 féminine ? Après deux saisons complexes sur les World Rugby Sevens Series, les joueuses de David Courteix ont retrouvé de la confiance cet été en s’imposant à deux reprises sur les tournois européens d’Algarve et d’Hambourg. Un gage de satisfaction pour l’entraîneur à la recherche d’une sélection tricolore à 100% de ses capacités, ce qui n’a pas été toujours le cas sur les dernières sorties, notamment la saison 2022-2023 sur le circuit mondial : « On sort de deux saisons particulières, car on a à la fois su construire une certaine dose de confiance dans ce que l’on a réalisé tout en étant parfois un peu sur la réserve », révèle-t-il. « Ce qui fait que nous n’avons jamais réussi à exploiter pleinement notre potentiel. On a réalisé quelques fulgurances, mais qui ne sont pas suffisantes pour être au sommet. Pourtant, on a parfois tutoyé un niveau qui pour moi est le nôtre, sans jamais évoluer au-dessus de nos moyens. Ce qui veut dire que dans notre maîtrise et notre façon d’aborder le jeu, nous sommes plutôt solides. Si on sent donc que la poignée de gaz n’a pas été tournée à plein régime et que nous sommes plutôt confiants dans la maîtrise, c’est rassurant. » Des éléments de satisfaction malgré tout, même si l’intéressé estime aujourd’hui être « à la recherche de plus » aux manettes d’un « groupe stimulant et qui a envie d’avancer » pour reprendre ses mots.
Cette envie, il faudra qu’elle soit impérativement présente dans cette saison palpitante qui amènera un double enjeu : le circuit mondial et les Jeux Olympiques. Si l’événement majeur du rugby à 7 est aujourd’hui dans toutes les têtes, la priorité immédiate reste de bien figurer sur le tout nouveau HSBC SVNS modifié, pour le grand bonheur de David Courteix : « Je pense que l’on arrive sur un format de compétition raisonnable pour avoir longtemps œuvré avec Frédéric Pomarel chez les garçons à l’époque », explique-t-il. « Pour le coup, je pense que les garçons étaient arrivés à un nombre d’étapes considérable et même beaucoup trop important. On était plus dans le respect des athlètes. Si l’on veut garder un spectacle de qualité, il faut savoir se préserver et se rendre un petit peu plus rare. C’est ce qui donne l’opportunité aux athlètes de récupérer et de se préparer pour produire de la performance. Il faut la fraîcheur nécessaire pour arriver à un équilibre des forces. Le rugby à 7 trouve donc l’équilibre entre la nécessité et la visibilité car on est dans un monde où l’exposition compte énormément. » Une saison qui mènera les filles jusqu’à une étape finale excitante à Madrid, dernier round de taille avant les Jeux Olympiques, une sorte de « mini-Coupe du monde » pour l’entraîneur de cette formation. Si pour lui le passage de sept à huit tournois ne va pas engendrer de charge de travail supplémentaire, la projection vers Paris 2024 risque malgré tout de rendre cette saison légèrement différente. Une pression et une attente dont il veut se servir pour faire progresser son groupe qui tentera d’arriver dans les meilleures conditions en juillet prochain : « On a toujours construit les choses dans une certaine forme d’enthousiasme et d’envie, tout en suivant un processus pour y arriver. Tokyo n’était qu’une étape avant Paris. On essayera simplement que la couleur du brillant soit différente…On mise donc sur une forme de continuité et on espère faire une saison à la fois normale et à la fois exceptionnelle, même si la compétition, sportivement parlant, sera la même. Les arbitres ne vont pas se transformer et la taille du terrain ne va pas être modifiée, ni la couleur des ballons ! Il faut simplement que l’on fasse en sorte que l’euphorie de vivre cet événement en France nous rende tout plus facile. Y compris la capacité à se transcender en permanence. C’est indispensable pour un athlète qui souhaite être le roi du monde dans sa discipline. »
À la recherche de résultats probants, joueuses et staff se sont donc tournées vers le pays du rugby à 7. Lors du mois de septembre, la troupe s’est en effet rendue pendant cinq semaines aux Fidji. L’occasion de vivre la préparation d’avant-saison de manière complètement différente : « On a pu bénéficier d’un voyage exceptionnel ! » s’exclame David. « C’est une sacrée chance pour nous et cela a été un voyage enrichissant sur plusieurs niveaux. Le plan du rugby bien sûr, car c’était dur, mais aussi sur le plan de l’humain, du rapport à la vie, leur façon d’envisager le sport et le jeu en lui-même. C’était un voyage d’une valeur ajoutée absolument immense. L’objectif ayant été de lier l’utile à l’agréable. » Un double objectif donc dans un stage de début de saison tout de même présent pour se mettre à jour physiquement. Pour cela, les filles ont pu se rendre notamment aux dunes de Sigatoka, lieu de préparation iconique des équipes fidjiennes. « Les Fidjiens disent qu’ils cachent dans les dunes de Sigatoka une partie du secret de leur médaille aux Jeux Olympiques et de leur supériorité à 7… » raconte avec émerveillement le chef d’orchestre de cette sélection. « Dans le sport de haut niveau, on cherche systématiquement à repousser ses propres limites. Nous avons une chance, c’est de vivre ce genre d’aventure en groupe. Cela n’est pas neutre. Et le rugby à 7 mobilise l’individu comme il peut le faire dans un sport individuel tout en ayant les vertus d’un sport extrême de groupe : la solidarité, l’intégrité et l’envie de faire ensemble. L’objectif était de découvrir le pays de rugby à 7. Mais après cinq semaines passées là-bas, on s’est rendus compte que c’était tout simplement le pays du rugby. Comme le Brésil est celui du football ! C’était en tout cas un endroit fabuleux, les gens étaient d’une simplicité et d’une gentillesse exceptionnelle. Cela nous a poussés à revenir à l’essentiel et à nous rappeler pourquoi nous étions là, à quel point le rugby est un jeu. J’ai trouvé ça très sain. »
De retour des Fidji, France 7 Féminin n’a pas chômé et a continué de s’entraîner en multipliant les oppositions, du côté de Marcoussis notamment avec l’Irlande, la Pologne et la République Tchèque. Des rassemblements en mode « Fast Four » très popularisés dans le rugby à 7 aujourd’hui, et particulièrement appréciés par David Courteix et son staff : « Je pense qu’à partir du moment où on peut le faire, c’est plus que souhaitable. Notamment face à différentes nations, de façon à nourrir notre faculté d’adaptation. Car pour être complet, il faut être capable de s’attaquer à tout. La faculté d’adaptation demande de l’entraînement et notamment de multiplier des phases où l’on découvre. J’ai donc tendance à penser que cette formule est très riche, et on l’affectionne depuis des années car j’y vois beaucoup de valeur ajoutée. » Après quelques jours supplémentaires de travail à Marcoussis, il est maintenant l’heure de se projeter vers Dubaï où les Bleues pourront notamment compter sur le retour au plus haut niveau de Anne-Cécile Ciofani qui a repris la compétition cet été de la meilleure des manières puisqu’elle a été élue meilleure joueuse du tournoi d’Hambourg. Une bonne nouvelle pour l’encadrement de France 7 Féminin et David Courteix bien heureux de voir l’un de ses éléments clés réintégrer l’équipe : « Il est certain qu’Anne-Cécile Ciofani est un élément de valeur, avec d’immenses qualités. Ce qui est surprenant, c’est qu’elle est revenue avec une certaine force que peu de gens peuvent se permettre d’afficher après avoir été longuement absents. Je vois son envie de revenir au plus vite et d’être meilleure qu’elle ne l’était. Il est donc clair que les retours d’Anne-Cécile mais aussi de Joanna Grisez sont des bonnes nouvelles. De la même façon que de voir que sans elles, sans Jade Ulutule, sans Lina Guérin, les filles ont quand même réussi à être performantes. »
À Dubaï, France 7 a été attribuée à la Poule C avec les États-Unis, le Canada et l’Espagne. Deux oppositions nord-américaines « solides et puissantes » et une confrontation face à des Espagnoles « pénibles » attendent donc les Françaises pour David Courteix. Puisqu’elles en ont désormais l’habitude, les Bleues effectueront un dernier Fast Four ce vendredi en compagnie de la Nouvelle-Zélande, du Canada et du Brésil avant le premier tournoi de la saison qui débutera officiellement le samedi 2 décembre aux Émirats Arabes Units.