Éblouissants lors de leur première sortie à Nanterre en février 2020, les Palois ont une nouvelle fois répondu présents à Aix-en-Provence en remportant le titre cette fois-ci ! Découvrez les coulisses de leur préparation avec le capitaine Mathias Colombet et le coach Geoffrey Lanne-Petit (crédit photo : Section Paloise Béarn Pyrénées).

On avait découvert cette équipe paloise à 7 à la Paris la Défense Arena en février 2020 pour la première fois. Une équipe jeune, mais talentueuse, qui avait su se faire remarquer par son état d’esprit et sa bonne ambiance. Plus d’un an et demi plus tard, rien n’a changé, ou presque. “On est vraiment partis dans le même état d’esprit” explique Mathias Colombet, le capitaine des Béarnais. “Prendre du plaisir, s’y filer et ne pas passer pour des c… ! On voulait gagner le premier match pour jouer les premières places et derrière ce sont des rencontres qui se sont jouées à peu de points. Mais dans la manière d’aborder le tournoi, c’était la même chose ! On est allés boire un coup la veille à Aix, on fera pareil à Toulouse. Toujours dans un objectif de cohésion pour que chacun se souvienne de cette expérience.“ 

Une expérience qui restera gravée à jamais dans la tête des Palois, puisque ces derniers se sont cette fois-ci imposés face à une redoutable équipe du Racing 92 en finale, composée de nombreuses stars du Top 14 telles que Yoan Tanga, Ben Volavola ou encore Virimi Vakatawa. Pourtant, celle-ci était bien mal embarquée pour les Vert et Blanc. Menés 19 à 7 à la mi-temps, il a fallu remettre les pendules à l’heure pour l’entraîneur Geoffrey Lanne-Petit : “Sur la première période, on s’est un peu trompés et on a été pris par l’enjeu. Au lieu de jouer en équipe comme c’était le cas depuis le début, j’ai eu l’impression que chacun a voulu gagner la finale à lui tout seul. Et ce n’était pas notre rugby, ni notre état d’esprit. J’ai donc essayé de recentrer les joueurs sur la rencontre et de faire des changements assez tôt. À la mi-temps, le constat était le suivant avec les joueurs, on avait dit qu’on se battrait pendant 14 minutes et on venait d’en gâcher 7. Alors certes le Racing 92 avait une bien meilleure équipe que nous, mais ils n’avaient pas besoin qu’on leur donne 7 minutes. Il n’y avait donc plus rien à perdre, il fallait rester nous-mêmes et sauver ce qui pouvait être encore sauvé. Y croire jusqu’au bout ! La régulation a donc été plus psychologique que physique.“ Un choix payant puisque la Section l’a finalement emporté 26 à 24 face aux Racingmen.

Entre deux matchs à Aix-en-Provence, retour vidéo avec le staff pour les joueurs de la Section.

La méthode Lanne-Petit, partage, confiance et exigence

Au-delà de l’aspect détente que dégage cette équipe paloise, cette image dégagée relève d’une véritable stratégie menée par le manager de l’équipe à 7. Une relation joueurs-entraîneur libre, basée sur la confiance et un état d’esprit sans égal, qui permet d’aborder les tournois d’une façon peu commune et qui fait pour l’instant la réussite des Palois : “Je veux une façon de manager et d’être à l’image de ce que je suis”, détaille Lanne-Petit. “C’est quelque chose que je cherche à mettre en place tout au long de l’année avec mes joueurs. Forcément, cela développe une relation privilégiée avec eux énormément basée sur la confiance et la proximité. Cela permet d’échanger avec les joueurs, de les comprendre et d’être plus exigeant en retour sur les moments de compétition et d’entraînement. Je pense que c’est en montrant aux joueurs que l’on est vraiment ensemble qu’ils arrivent ensuite à le reproduire sur le terrain. Qu’ils aient ce supplément d’âme qui leur donne envie de se surpasser pour quelqu’un. En tant que coach, il est important de comprendre qu’ils ont également besoin de moments où ils peuvent relâcher la pression et prendre du plaisir entre eux. On a la chance de faire un métier hors du commun, il faut donc tenter de profiter de chaque moment et de se créer des émotions et des souvenirs tout au long de notre carrière.”

“Que mes joueurs jouent chaque match comme si c’était une finale !”

S’ils sont déjà qualifiés pour l’étape finale, pas question pour autant de se présenter à Toulouse sans disputer le tournoi à 100%. Les Palois poursuivent leur saison à 7 avec la même détermination et joueront à Ernest-Wallon avec un groupe également doté d’une grande qualité. “On garde tout de même le noyau dur de la semaine dernière. Même si on perd quelques mecs comme Alexis Levron qui avait des grosses qualités et Lekima Tagitagivalu, ceux qui rentrent vont compenser et dans tous les cas l’état d’esprit sera le même. Le seul changement c’est que l’on sera peut-être plus attendus”, précise Mathias Colombet, qui a déjà hâte d’en découdre avec les Barbarians, où il retrouvera ses coéquipiers de France 7, William Iraguha et Jordan Sepho. “Ça va être un match stratégique ! Je connais les qualités de certains et je sais un peu ce qu’ils vont faire. Mais je sais aussi, connaissant leur coach Nicolas Leroux, qu’ils nous ont analysé. Il connait très bien le 7 et il sait ce sur quoi il va falloir nous jouer. Ça va être un match très serré”, poursuit-il. Du côté du manager, pas question non plus d’aborder ce tournoi avec un état d’esprit différent. Lui qui a déjà en tête de préparer l’étape finale du mois de novembre. “On ne va pas calculer ! On a déjà un gros premier test contre les Babaas qui sont des spécialistes du Sevens. Il faut que l’on arrive à garder notre état d’esprit, puis à développer nos principes de jeu, à se renforcer en prévision de l’étape de novembre et à incorporer un maximum de joueurs dans la rotation pour que chacun puisse faire ses preuves et apporter sa pierre à l’édifice. Mais ce qui comptera, c’est la manière dont on va donner envie aux gens de continuer à nous suivre et à nous supporter. Ce qui me gênerait le plus ce n’est pas de perdre contre les Barbarians, mais de perdre d’une manière qui ferait dire aux gens : “Ça y est ils sont qualifiés donc ils lâchent les tournois”. Je veux garder cet état d’esprit conquérant et que mes joueurs jouent chaque match comme si c’était une finale. »

“Nous prenons le 7 très au sérieux”

À Pau, on a donc compris tout l’intérêt du rugby à 7. Si comme les autres, le club peine à libérer ses joueurs pour les tournois du Supersevens, ces derniers n’échappent néanmoins pas à la pratique. Des séances spécifiques à 7 sont menées occasionnellement sur les plages d’entraînement à XV par le staff palois, dans l’objectif de faire découvrir la discipline et de « varier les contenus d’entraînement » comme le précise Geoffrey Lanne-Petit. Lui, le passionné de rugby à 7 qui profite pleinement de cette nouvelle configuration, même si des améliorations sont encore à effectuer : « Je suis un partisan du rugby à 7. Je prends beaucoup de plaisir à le jouer et à l’entraîner. C’est donc pour moi une très belle opportunité en tant qu’entraîneur. Il y a une échéance très importante dans trois ans (Les Jeux Olympiques de Paris) et je pense que c’est une très bonne chose si les équipes de Top 14 fournissent un maximum de viviers à France 7. Même si la temporalité est aujourd’hui difficile, car il est compliqué de jongler entre les deux disciplines sur les semaines qui précèdent la reprise du championnat. Un calendrier partagé sur toute la saison, avec deux étapes pendant les tests de novembre et une finale pendant le Tournoi des Six Nations conviendrait peut-être plus, même si je ne connais pas les éléments de contexte extérieurs. » Par ailleurs, ce dernier a vu l’évolution des mentalités concernant le Sevens dans le monde du rugby professionnel à XV sur les dernières années. D’où la prise en considération également par les entraîneurs béarnais : « Je pense qu’aujourd’hui la médiatisation du rugby à 7 et le fait qu’il soit devenu un sport olympique a changé la mentalité des joueurs professionnels à XV. Il est aujourd’hui vu comme un vrai rugby professionnel. Ce n’est pas uniquement une case à remplir pour les tournois d’été, on a une équipe de France masculine qui commence à performer sur le circuit mondial et je sens en tout cas à Pau, un réel intérêt pour la discipline. Nous sommes tous convaincus que c’est un accélérateur de développement pour les jeunes joueurs sur tous les plans : physique, technique, tactique et mental. Nous prenons le 7 très au sérieux.« 

Le rugby à 7, Mathias Colombet le prend aussi très au sérieux. Sous contrat avec la Fédération Française de Rugby, son manque de temps de jeu en World Series l’a poussé à retrouver les chemins du XV, mais il gardera tout de même cette double-casquette. Le Palois de 24 ans, qui rêve de Coupe du monde l’année prochaine ou encore de Jeux Olympiques dans trois ans, sera notamment présent sur les étapes d’Edmonton et de Vancouver en septembre avec l’équipe de France, avant de revenir en Top 14. Rayne Barka révélait la semaine dernière au micro de Canal + qu’il allait également disputer quelques rencontres en World Series cette saison, fruit d’accords passés entre le manager de la Section, Sébastien Piqueronies, et celui de France 7, Jérôme Daret. L’objectif étant clair : permettre à ces jeunes joueurs talentueux de démontrer toutes leurs qualités sur les deux tableaux.

Le groupe palois au complet à l’étape d’Aix-en-Provence.