À une semaine d’officier à la Coupe du monde de rugby à sept en Afrique du Sud, Jérémy Rozier revient sur sa préparation lors des trois étapes estivales de l’In Extenso Supersevens (Crédit photos : Ligue Nationale de Rugby).
Après avoir suivi l’édition 2021 à distance, comment as-tu vécu l’In Extenso Supersevens 2022 sur le terrain ?
Jérémy Rozier : Une régalade ! Festif comme on l’aime avec pas mal de supporters et des équipes qui sont montées en puissance sur les trois semaines pour finir en apothéose à Pau. Je trouve qu’il y a plusieurs clubs qui ont compris les attentes du 7, les arbitres aussi, on a tous progressé et c’est hyper bien pour la suite. À titre personnel, c’était une belle répétition générale avant les échéances qui arrivent.
Le Mondial de Sevens est ton prochain grand rendez-vous dans une semaine, comment t’y es-tu préparé ?
JR : Je n’allais pas à Los Angeles pour la dernière étape des World Series donc j’ai demandé à faire les trois tournois de l’In Extenso Supersevens. Je l’ai pris comme un entraînement mais aussi comme un challenge car ce n’est pas facile d’arriver, de représenter le système et les règles qui s’appliquent plus haut. Dans l’ensemble, je suis très content de la manière dont ça s’est passé pour moi et l’ensemble de mes collègues. Maintenant, je vais partir une semaine avant la Coupe du monde avec tous les arbitres comme un tournoi classique du Circuit mondial.
Quel est ton regard sur ces étapes estivales ?
JR : Franchement, je suis content parce que beaucoup de gens disaient : « ils n’ont pas envoyé de pro cette année etc… ». Il n’y avait peut-être pas de grands noms dans toutes les équipes mais elles sont montées en puissance. Pau a joué le jeu à 100%, le Racing avait une belle équipe, Bayonne aussi alors que personne ne savait trop où ils allaient, l’ASM n’a pas eu des tirages faciles mais a montré de belles choses et l’UBB s’est appuyée sur des mecs qui ont la culture du rugby à sept. C’est ça le Sevens, ce ne sont pas forcément des noms comme en TOP 14, c’est avant tout un état d’esprit collectif. C’est bien aussi de voir d’autres joueurs assez jeunes, des arbitres aussi, s’exprimer sur le terrain. J’ai l’impression que les staffs et les joueurs prennent conscience que l’école du 7 est vraiment importante pour le rugby à 15. Ça c’est vraiment un changement de mentalité en France.
Plus précisément, comment juges-tu le niveau de la compétition par rapport au 7 auquel tu es habituellement confronté ?
JR : Sur les deux premiers tournois, c’était un peu compliqué car il y avait beaucoup moins d’intensité dans le jeu. C’était très clean au sol et on n’a pas vu les fautes habituelles avec des soutiens offensifs qui plongent dans les rucks. Mais quand c’est allé plus vite, on a commencé à les voir. Progressivement, je me suis rapproché des choses que je siffle régulièrement en World Series. Pour moi, c’est le signe d’un niveau qui a globalement augmenté. Même si la vitesse est moins importante et que l’on a plus le temps de se poser pour décider, je suis assez surpris par la distance parcourue sur mes matchs car cela colle pratiquement à ce que je fais sur le Circuit mondial. Même si c’est un peu moins intense sur les accélérations / décélérations, il y a vraiment beaucoup d’équipes qui ont joué à 7 notamment dans les couloirs.
Qu’as-tu pensé des prestations des arbitres sur les trois étapes ?
JR : On peut toujours discuter de situations techniques, car on a fait des erreurs comme les joueurs, mais je trouve qu’on a vraiment gagné en cohérence sur les trois semaines. Hormis quelques exceptions, les retours des clubs sont positifs. L’arbitrage à 7 est complémentaire du 15 sur l’analyse du jeu au sol et la prise de décision rapide dans le cas d’un jeu déloyal. Si on est un très bon arbitre de rugby à 7, on peut vite faire le parallèle à 15 avec quelques ajustements sur le management et l’arbitrage des mêlées, touches, mauls. On travaille dans le bon sens et j’espère qu’à Paris La Défense Arena, si je suis sélectionné, on pourra mettre en pratique tout ce que l’on a fait jusqu’à présent.
Avant cela, on parlait du Mondial mais il va y avoir aussi tes débuts en TOP 14, quel est ton ressenti après ta promotion ?
JR : C’est très positif mais l’arbitrage est une perpétuelle remise en question donc je n’ai pas envie de sauter au plafond. C’est bien que je sois arrivé à ce niveau mais je n’y ai pas encore arbitré donc je ne peux pas encore vraiment dire que je suis un arbitre de TOP 14. Je devais attaquer ce samedi mais mon billet d’avion pour l’Afrique du Sud a été décalé donc je n’ai finalement pas de match ce week-end. Pour l’instant, je suis concentré à fond sur le 7 et je sais déjà que je vais aller à Hong-Kong en novembre. Entre-temps, je vais me mettre sur le 15 et je sais que je vais être testé sur mes premiers matchs. L’objectif, c’est qu’on me voit comme un arbitre lambda. Si on n’entend pas trop parler de moi, ce sera bon signe car cela voudra dire que je performe sous les radars.