Depuis cette nuit, la capsule « Crew Dragon » de Space X est amarrée à la Station Spatiale Internationale avec à son bord un équipage de quatre astronautes dont Jessica Watkins, ancienne joueuse américaine de rugby à sept et première femme noire à réaliser une mission sur l’ISS (crédit photo : USA Rugby / Nasa).

Qui aurait cru lors de la Coupe du monde de rugby à sept 2009 à Dubaï que la meilleure marqueuse américaine irait un jour dans l’espace ? Certainement pas la principale intéressée, Jessica Watkins : « Devenir astronaute de la Nasa, j’en rêvais depuis très longtemps, depuis que je suis toute petite même, mais je ne pensais pas y arriver un jour » confiait -elle en conférence de presse avant le décollage ce mercredi. Depuis cette nuit, c’est chose faite, Jessica Watkins a foulé le sol de la Station Spatiale Internationale ! C’est une grande première pour une femme noire car elles ne sont que cinq à s’être déjà envolées dans l’espace, Mae Jemison étant la dernière il y a 30 ans en 1992, et aucune n’était encore montée dans l’ISS. « Je pense que cette mission est vraiment un hommage de l’héritage des femmes astronautes noires qui m’ont précédée ainsi qu’à l’avenir passionnant qui nous attend ».

Originaire de la banlieue de Washington aux États-Unis, Jessica Watkins a grandi dans les paysages de western du Colorado. C’est là-bas dans les canyons qu’elle s’est passionnée pour la géologie et a commencé à lever les yeux vers les étoiles. Diplômé de la prestigieuse Université Stanford puis détentrice d’un doctorat de l’Université de Californie en géologie planétaire, avec une thèse sur les glissements de terrain sur Mars, Jessica Watkins a intégré la Nasa en 2012 justement sur un projet d’exploration des contrées martiennes. Cette mission « Crew 4 » de Space X est historique comme l’a tweeté USA Rugby car Jessica Watkins a été sélectionnée en 2017, parmi 18 000 candidatures, pour intégrer le programme de préparation aux missions spatiales. Une intense préparation physique pour finalement faire partie des quatre astronautes à s’installer tout en haut de la fusée Falcon 9 ce mercredi.

Un parcours hors du commun auquel s’est ajouté le rugby durant ses études à Stanford. Championne universitaire en 2008 et membre de l’équipe nationale universitaire jusqu’en 2010, elle est vite repérée par les Women’s Eagle Sevens pour ses qualités de vitesse, d’appuis et sa technique individuelle. Elle participe donc au Mondial 2009 avec l’équipe nationale américaine à sept et marquera notamment deux des trois essais de la victoire en quart de finale face à la France (19-0). Cette aventure s’arrêtera sur une médaille de bronze après la défaite en demi-finale contre la Nouvelle-Zélande (12-14). Toujours en conférence de presse avant son départ, Jessica Watkins a dressé un parallèle entre son expérience à sept et les missions spatiales. « Sur un terrain, chaque joueur apporte quelque chose de différent, et toutes ces forces sont nécessaires à la réussite d’une équipe de rugby. Comme dans l’espace». Une richesse de profils qui aura toute son importance. Après ce premier vol de 16 heures (environ 10 tours de l’orbite terrestre) jusqu’à l’amarrage réussie, c’est une mission de six mois sur l’ISS qui attend Jessica Watkins avec un objectif très clair dans le cadre du programme Artemis de la Nasa : faire marcher à nouveau l’homme sur la Lune en 2025. Et voir le premier step lunaire par l’ancienne joueuse des Women’s Eagles Sevens ?