L’ancienne capitaine de France 7 Féminin était au plus proche des rencontres le week-end dernier au stade Ernest-Wallon pour suivre en direct les performances de nos équipes de France. (Crédit photo : World Rugby)

LE BILAN DE FRANCE 7 FÉMININ

Un temps de jeu optimisé pour les joueuses

C’était une étape qui allait permettre de pouvoir tester des joueuses, comme il n’y a pas forcément eu beaucoup de tournois cette année. Même si l’on tente de reproduire l’intensité à l’entraînement, il n’y a rien de mieux que les tournois pour se caler. C’était l’occasion de faire jouer des filles qui avaient eu peu de temps de jeu cette saison, et c’était bien de pouvoir faire tourner. Cela a permis de travailler sur les affinités et les réglages. 

Si les absentes avaient été là, est-ce qu’elles auraient fait une grande différence, je ne sais pas… Ce qui est important, c’est de pouvoir évoluer avec un groupe qui peut changer d’un moment à un autre. Nous travaillons aujourd’hui avec un groupe élargi, dans lequel les filles qui ont de l’expérience vont peut-être avoir plus de temps de jeu sur les tournois, car elles amènent une certaine maîtrise et une certaine solidité. Mais c’est ce qu’il faut aussi entretenir avec le reste des filles : emmagasiner le plus d’expérience possible. Pour que lorsqu’une blessure survient, ce ne soit pas la catastrophe. S’il arrive ce genre de choses un an avant la Coupe du monde ou les Jeux Olympiques, que tu n’as pas travaillé en amont sur cette capacité à pouvoir se satisfaire du potentiel que tu as et garder ce niveau de performance malgré les absentes, tu te rends la tâche compliquée. Mais nous sommes un pays assez riche en termes d’athlètes et nous avons de jeunes générations qui arrivent. Il faut savoir profiter de ça et leur faire rencontrer le haut niveau le plus de fois possible. En procédant de cette manière, on se garantit une protection et une progression importante qui peut nous éviter de nous mettre en mauvaise posture en cas de problème.

Joanna Grisez au sommet de sa forme

Joanna est une joueuse pleine de vitesse et qui possède la capacité à se sortir facilement des contacts. On est contents de pouvoir la retrouver au sein de cette équipe de France et de voir qu’elle s’épanouit ! Elle a pu avoir du temps de jeu et l’occasion de s’exprimer, elle en avait besoin ! Elle finit meilleure marqueuse de l’équipe de France et du tournoi, donc forcément elle a été remarquée. Mais je pense aussi à Lou qui a fait de grosses prestations en défense. 

Identité défensive et timidité offensive

Elles ont conservé leur identité en défense sur l’agressivité et la capacité à renvoyer les joueuses chez elles. Quand elles le font de manière collective et avec l’envie d’imposer leur défense, elles peuvent être redoutables. Mais quand ça se fait par des individualités, il faut être vigilant car, dans ce cas, ce système peut être défaillant et nous pouvons prendre la marée face à des équipes qui arrivent à bien gérer les situations désorganisées.

Contre les Fidji, cela a pêché. Mais nous avons également été en difficulté en attaque. Nous n’avons pas été très franches. Je pense que l’on aurait pu leur faire plus mal et être plus virulentes. Cette équipe fidjienne progresse néanmoins de mois en mois et a mis les bouchées doubles depuis les Jeux. Du côté français, nous avons encore du travail sur les deux versants, offensifs et défensifs, et ça tombe bien car ce sont des filles qui aiment travailler et progresser. 

Face aux Fijdi, nous nous sommes peut-être un peu embêtées aussi à faire des passes devant la défense alors qu’il fallait remettre la marche avant. Nous avons des profils capables de jouer des duels, une alternance intéressante entre le jeu au prêt et le jeu déployé, il faut que l’on soit capable d’utiliser nos armes sans avoir peur de mal faire et d’accumuler des erreurs. Car des erreurs, il y en aura forcément moins à partir du moment où tu y mets toute l’initiative et la détermination.

Sur la qualité technique, les Australiennes et les Néo-Zélandaises ont vraiment de très bonnes et longues passes. Nous devons encore travailler dessus. Cela peut être très vite rectifié, je le pense, et n’être qu’un détail sur les prochaines échéances.

Vigilance maximale sur les rucks

D’autre part, nous avons perdu beaucoup de ballons sur les rucks. C’est un tournoi où cette phase de jeu a été beaucoup sanctionnée, j’ai rarement vu autant de cartons jaunes et même des cartons rouges ! C’était impressionnant ! Le corps arbitral a augmenté son niveau d’exigence et à nous d’évoluer également par rapport à ça. Il ne faut pas attendre que ce soit exigé par le corps arbitral, mais que très rapidement nous soyons déjà exigeantes sur nos postures dès l’entraînement. Un mauvais déblayage, une mauvaise action du porteur de balle, à sept ce sont des gestes assez techniques, il faut que l’on soit très réactives !

Même souci chez les garçons, comme beaucoup d’équipes, nos fautes sur les rucks ont été beaucoup sanctionnées. C’est un domaine qu’il va falloir travailler car les arbitres ne vont pas le lâcher. Il y a un manque de soutien par moment, mais nous avons surtout été sanctionnés sur la posture. La posture un peu en pic avec le bassin surélevé a notamment été dans le viseur, même si le joueur était accroché au porteur. Et puis la main parfois posée, à cause d’un excès de générosité, était immédiatement sanctionnée également. Maintenant, ma question est de savoir si les équipes avaient été prévenues en amont… Nous travaillons tous ensemble pour le beau jeu et le spectacle, et ce jeu a été par moment saccadé à cause des fautes à répétitions, d’où mon interrogation. 

LE BILAN DE FRANCE 7 MASCULIN

Patience et projet collectif

Ce qui m’a plus, c’est leur patience sur des moments où cela aurait pu être compliqué. Je pense notamment à cet essai contre l’Australie. C’est un groupe qui vit bien, c’est important et ça se ressent sur le terrain. Contre les Australiens, c’est assez marquant car cela nous est arrivé souvent de tenir le coup sans pour autant que cela bascule en notre faveur. On sent qu’ils ont appris, qu’ils ont gardé la tête froide, pour pouvoir maîtriser cette équipe jusqu’au bout. 

On peut s’en vouloir contre les Fidji car il y a eu des initiatives individuelles qui à des moments ont tué l’initiative collective. Même si je suis persuadé que ça ne part pas d’un mauvais sentiment. Il faut juste que l’on soit plus en confiance sur le projet collectif. Pour autant, c’était très bien globalement dans la volonté d’attaquer le rideau et de mettre de la vitesse. Paulin Riva fait un travail énorme sur ce tournoi, autant offensivement que défensivement. Thibaud Mazzoleni a également été intéressant, lui qui fait son retour après des multiples blessures, en plus sur un poste à responsabilité. 

Roublardise irlandaise

Les Irlandais ont très bien joué et sont allés chercher les Français sur le plan psychologique. On aurait peut-être dû mieux maîtriser notre énergie et nos émotions. Un terrain sur lequel on est encore un peu fragiles. On a enchaîné les temps de jeu et déplacé le ballon, mais malgré tout, on s’est fait beaucoup sanctionner sur les rucks, ce qui a pu tendre un peu le groupe. Et puis, quand tu cours après la balle et que tu n’arrives pas à mettre véritablement la main dessus, tu commences à être impatient. Ce qui t’amènes à faire des erreurs dues à ce besoin rapide de scorer. Autant j’ai trouvé qu’il y avait beaucoup de sérénité contre l’Australie, autant contre l’Irlande j’ai trouvé les Bleus beaucoup plus nerveux. Et les Irlandais ont joué sur ça, en nous obligeant à faire des fautes et en nous privant de ballons. De notre côté, nous n’avons pas réussi à trouver des solutions et à enclencher la marche avant. Les Irlandais ont été de leur côté très bons en défense et ont joué avec le temps, en posant les ballons etc… Le but étant d’appauvrir l’équipe de France de toute opportunité.  

Sursaut d’orgueil contre les Samoa !

La victoire contre les Samoa est très encourageante ! Je ne sais pas si les gens ont conscience du travail qu’il faut pour rebondir après un échec. Surtout dans la même journée ! Ce n’est pas comme après un week-end où l’on a toute la semaine pour digérer. À 7, tu n’as que quelques heures… Cela montre un gros effort en termes de maturité et d’expérience. C’était important d’aller chercher cette victoire pour eux je pense, déjà car elle représente une troisième place sur une étape, mais surtout car c’était une très belle équipe des Samoa avec des joueurs de qualité. J’espère juste que le contexte de la maison et l’état d’esprit qu’ils ont pu mettre puisse être retranscrit sur les autres tournois. On a toujours tendance à dire que le fait de jouer à la maison nous galvanise, mais je ne suis pas sûr que les autres équipes du Circuit réfléchissent comme ça. Il faut que nous, Français, passions au-dessus de ça ! Que ce soit à la maison ou à l’extérieur, il faut avoir cette envie de tout défoncer à chaque fois et d’être les meilleurs possibles.

LE BILAN DU TOURNOI

Les Néo-Zélandaises ont encore été très agressives et c’est assez fou. Car avec aussi peu de tournoi disputés cette année, elles ont gardé un niveau d’excellence incroyable ! Cela montre le travail qu’elles ont dû effectuer dans leur pays pendant tout ce temps. La Nouvelle-Zélande, mais aussi l’Australie, ont gardé leur identité de jeu, propre à leur équipe. L’Irlande a également été très performante. Des joueuses comme Amee-Leigh Murphy Crowe ou encore Lucy Mulhall amènent une véritable plus-value à cette formation, associées à des jeunes joueuses qui font aussi le travail. Les Irlandaises font partie des révélations de l’année. Les Fidjiennes sont elles sur le plan technique de mieux en mieux et alternent très bien le jeu au prêt et le jeu au loin. Sur le plan offensif, il y a vraiment une certaine maîtrise qui a été acquise depuis quelques temps.

Déception pour l’Angleterre qui termine dernière, avec notamment beaucoup de joueuses inexpérimentées en World Series, mais également pour les Américaines qui ont un peu bu la tasse lors de ce dernier tournoi. 

Chez les garçons, les fautes sur les rucks ont beaucoup fait de mal. Mais compliqué de trouver pourquoi des équipes comme la Nouvelle-Zélande ou l’Afrique du Sud ont lâché. Reste à savoir si ces sélections vont se relancer à Londres. D’autant que les poules seront impressionnantes ! Cela va être intéressant car il reste deux tournois et il y a de l’incertitude. De notre côté, plus la Coupe du monde approche, plus le fait de matcher contre des équipes de haut niveau va nous apporter. 

Les Fidji sont restés eux dans leurs standards. Un rugby en constante adaptation, des joueurs sachant lire le jeu en continu et sachant quand prendre l’initiative. Les Néo-Zélandais ont eux de leur côté beaucoup privilégié les contre-rucks en y venant à deux parfois. Cela obligeait le demi de mêlée à sortir très vite le ballon pour éviter la pression et cela a marché plusieurs fois. Ils ont été très agressifs sûrement dû au fait de jouer un classement qui ne leur ressemblait pas. Ils ont été beaucoup moins tolérants que d’habitude.