Tout juste titré sur l’In Extenso Supersevens avec les Barbarians, le capitaine William Iraguha revient sur ce passage au combien important pour lui, qui l’a notamment révélé auprès du grand public. Crédit photo : Antoine Saillant.

William, une semaine après la victoire sur l’In Extenso Supersevens, quel est ton sentiment ?

William Iraguha : Je suis un peu redescendu, c’est normal, mais c’était un très beau moment ! J’ai pu garder la coupe avec moi, l’emmener chez ma mère et la présenter à ma famille. Mais tout est passé tellement vite, j’ai l’impression que c’était hier…

En termes de préparation, comment cela s’est passé pour vous ?

W.I : On s’est retrouvés tous ensemble à Marcoussis le mardi ce qui était assez cool, car nous avions des bonnes infrastructures. Cela nous a permis d’avoir le temps de créer de la cohésion, car beaucoup d’entre nous ne se connaissaient pas. Et c’était la complexité, il fallait réussir à créer quelque chose en peu de temps. 

Tu parles de cohésion, qu’avez-vous mis en place pour souder le groupe ?

W.I : Il y avait un jeu qu’on faisait ensemble le midi lorsque l’on mangeait et qui a été répété tout au long de la semaine. Le but étant de ne pas rigoler, sous peine de se prendre une “nuquette” de la part des autres joueurs. C’était le thème de chaque repas et tout le monde y est passé, moi le premier, car je rigole tout le temps pour rien. 

« On savait que l’on était attendus »

De ce fait, comment sentais-tu le groupe à l’approche de cette étape finale ?

W.I : Dès que j’ai su les joueurs que l’on allait avoir, j’étais hyper content. D’avoir des profils comme Steph (Parez) ou Jo (Laugel) ça booste forcément la confiance. Malgré tout, on était assez méfiants, car on sait qu’à 7 cela va très vite. Même si on était renforcés par France 7, ce n’était pas gagné d’avance. Il y avait tout de même cette forme de pression, car en tant que spécialistes, on savait que l’on était attendus. Nous n’avions pas le droit à l’erreur. La pression n’était pas aussi énorme qu’en World Series, mais elle était quand même là. Nous étions en France, face à d’autres clubs, nous n’avions pas le droit de perdre. Pour les joueurs de France 7, on aurait bien moins avalé une défaite samedi qu’un revers face aux Fidji ou au Kenya. 

On a beaucoup parlé des joueurs de France 7, mais il y avait également d’autres joueurs issus notamment de Fédérale 1 qu’as-tu pensé de leur investissement ?

W.I : Franchement, ils ont été au top ! Il faut un tout pour faire une équipe, certains avaient déjà participé aux étapes précédentes et il était important de les garder pour la finale. Et puis, quand ils sont rentrés, ils ont réussi à apporter et achever les matchs correctement. Car au 7, tu peux mener de 3 essais à la mi-temps, ça ne veut rien dire. Après parmi eux, il y avait des spécialistes. Je pense notamment à Matthieu Delcourt, pour moi c’est une légende du 7 en France avec les associations. Ça fait je ne sais pas combien d’années qu’il fait du 7. C’est vraiment top d’avoir des mecs comme ça !

Avez-vous également eu une pensée pour les joueurs absents lors de cette étape finale ?

W.I : On avait des groupes entre nous cet été et lors de la finale on a beaucoup échangé. On a reçu pas mal de messages de soutien et on les a remercié, car si on est arrivés jusqu’à l’étape finale, c’est aussi grâce à eux ! Je pense notamment à Esteban Capilla (l’un des joueurs de l’été) avec qui j’aurais adoré faire cette finale, mais qui n’était pas présent. On a parlé ensemble tout au long de la semaine.

« On a créé une belle famille Baabaas »

Si tu dois faire un bilan de cette saison aujourd’hui, quel serait-il ?

W.I : On a créé une belle famille Baabaas. À Aix, on est tombé dans une petite impasse, mais cela nous a servi pour la suite. Il fallait mieux que ça nous arrive là que plus tard. Et de ce fait, à Toulouse, on n’avait pas grande chose à perdre. On savait à quoi s’attendre donc on s’est lâchés. On perd en finale contre Monaco, mais pour le coup il y avait beaucoup de pression, peu de mecs avaient fait des finales, c’était éprouvant physiquement. Puis à la Rochelle, on a réussi de nouveau à se lâcher. On perd encore contre Monaco en demies mais on réalise un bien meilleur match qu’à Toulouse. Et puis à la Paris la Défense Arena, on était passés par toutes les étapes, maintenant il fallait gagner. On ne pouvait plus perdre, ça ne pouvait plus arriver ! 

Cette finale contre Monaco, on image que vous l’attendiez impatiemment…

W.I : Évidemment…C’est un super moyen pour les mecs de se jauger. Quand on a vu les noms sortir pour Monaco, on a été surpris et on savait que ce serait très équipé en face. Mais nous voulions aller en finale, la disputer et pouvoir se confronter à de tels joueurs. C’était un moment incroyable…

Personnellement tu as été très en vue sur cette édition, sens-tu que ton statut à changer légèrement ?

W.I : (rires) Ça serait un peu mentir que de dire le contraire…Je reçois surtout un énorme soutien de la part de ma famille qui m’envoie beaucoup de messages. Pour la partie rugby, cela m’a surtout permis de gagner en confiance, notamment le fait d’être capitaine, ce fut une sacrée expérience. Je pense que ça s’est ressenti sur le terrain…Pour ce qui est du côté médiatique, c’était une première pour moi de parler à la télé, mais je pense que je ne me suis pas trop mal adapté. Après ce qui m’a surtout le plus fait plaisir c’est que mon père soit venu me voir jouer à Toulouse. Cela faisait très longtemps qu’il ne m’avait pas vu sur un terrain. À l’Arena, j’avais également toute ma famille, c’était un très grand moment. Même si quand je suis allé les voir, j’ai dû m’arrêter pour prendre pas mal de photos. Ça aussi ça a changé ! Mais je comprends les enfants, j’ai été à leur place avant, j’ai commencé le rugby très tôt, donc je fais ça avec toujours beaucoup de plaisir. Le seul problème c’est que je n’arrive pas à dire non, donc ça peut prendre du temps… 

À l’année prochaine du coup avec les Barbarians ?

W.I : Je ne peux pas prédire l’avenir mais s’il le faut j’y retournerai avec le plus grand des plaisirs ! J’ai créé un lien très fort avec cette équipe et je ne pourrai pas leur dire non. S’ils font appel à moi et que je suis disponible, ce serait génial de participer à nouveau avec eux ! 

Un dernier mot ?

W.I : Je trouve que ce tournoi est une superbe idée pour le développement du 7 en France. Les gens découvrent véritablement la discipline, c’est une superbe publicité. À nous maintenant de réitérer la même chose sur le circuit mondial et c’est ce que l’on va faire j’en suis persuadé ! Gagner le Supersevens était magique, mais je n’imagine même pas la sensation de gagner un tournoi en World Series…