La collaboration entre la Ligue Nationale de Rugby et la Fédération Française de Rugby a franchi un cap cet été. À l’image de celle du XV de France, une nouvelle convention favorise la mise à disposition pour France 7 de certains joueurs professionnels dans l’optique des Jeux Olympiques de Paris 2024 (Crédits photos : Ligue Nationale de Rugby / World Rugby).
En ce premier jour de Coupe du monde de rugby à sept, on a tous envie de crier « Cocorico » ou d’entonner la Marseillaise pour accompagner nos Bleu(e)s en Afrique du sud mais il n’y a pas que ça qui nous pousse à nous enthousiasmer. Remontons au mois de juillet dernier, un bon mois avant les étapes estivales de l’In Extenso Supersevens. Dans la lignée d’une collaboration initiée en 2018, la FFR et la LNR ont signé une nouvelle convention qui renforce les liens entre le rugby professionnel et France 7. « Depuis 4 ans, des joueurs de TOP 14 et PRO D2 sont sélectionnés ponctuellement pour les World Series et la Coupe du monde mais c’était sur la base du volontariat, de gré à gré, explique Emmanuel Eschalier, Directeur général de la LNR. Aujourd’hui, le staff de France 7 a besoin de plus de continuité, d’avoir les joueurs plus longtemps pour les mobiliser sur plus de tournoi et les inscrire sur la dernière phase de préparation olympique. Cette nouvelle convention passe un cran supplémentaire en donnant des incitations beaucoup plus fortes aux clubs pour qu’ils acceptent que les joueurs soient inscrits dans ce projet ».
Concrètement, une liste « Objectif 2024 » va être dressée par le staff de France 7 en collaboration avec les clubs professionnels. Sur cette liste qui sera dévoilée après le Mondial, figurera jusqu’à 14 joueurs, un par équipe de TOP 14 ou de PRO D2 selon les profils ciblés. Ces derniers seront mobilisables à tout moment et jusqu’à 12 semaines sur la saison pour rejoindre les Bleus. « En contrepartie, chaque club concerné aura des avantages financiers et sportifs pour lui permettre de gérer cette situation dans son effectif, ajoute Emmanuel Eschalier. C’est la même chose que ce qui a été bâti pour le XV de France et qui a bien fonctionné. On l’a dupliqué sur France 7 en adaptant les modalités ». Outre une indemnisation financière et la prise en compte du joueur sur les feuilles de matches de championnat au titre du dispositif JIFF pendant les périodes de sélection, les clubs bénéficieront de mesures inspirées de celles en vigueur pour la « Liste Premium XV de France » : un Crédit Salary Cap de 100.000 euros sur la saison concernée et la possibilité de recruter un « Joueur Additionnel » supplémentaire (joueur qui peut constituer un « Non JIFF » supplémentaire dans l’effectif par rapport au nombre maximum de Non-JIFF autorisé).
Pour France 7 et son manager Christophe Reigt, cette convention va permettre d’élargir le nombre de joueurs ciblés pour les JO au-delà de ceux sous contrats avec la FFR et des quelques Espoirs Premium. « On est dans notre objectif. On souhaitait voir des potentiels à 7 qui joue à 7 et grâce au Supersevens, on est dans les clous. C’est une vraie réussite car on a des joueurs qui ont pris confiance grâce au 7 pour performer derrière en PRO D2 ou en TOP 14. La convention permet des avancées significatives sur leur mise à disposition et répond à certaines problématiques des clubs ». Pour Lucien Simon, vice-président de la LNR en charge du rugby à sept, la collaboration était évidente. « Il n’y a pas de débat. Dans l’organisation du rugby de haut niveau, l’équipe de France a besoin des clubs professionnels et ceux-ci sont lucides qu’une équipe de France performante, ce sera déterminant dans leur écosystème ». Et à Emmanuel Eschalier d’aller encore plus loin. « Le 7 c’est un projet de développement et une responsabilité dans le fait que l’équipe de France soit performante à 7 comme à 15 ».
Dans un rugby hexagonal très attaché au XV, la prise de conscience est encore progressive mais bien réelle pour Christophe Reigt. « On est en train de bousculer culturellement notre sport en faisant des choses qu’on ne faisait pas. On voit des clubs qui prennent en compte le Supersevens pour le gagner et préparer des joueurs pour leurs groupes professionnels, souligne le manager le France 7. Il faut comprendre que les clubs ont leur modèle, leur compréhension et il faut leur laisser du temps pour s’adapter. Certains comme l’ASM, l’UBB ou la Section Paloise ont déjà fait évoluer leurs modèles. C’est intéressant ce qu’il se passe, je suis assez optimiste sur le fait que chaque année, on verra des évolutions ». Du côté de la LNR, « on prépare déjà l’avenir » concède Lucien Simon. Si cette convention fait partie de l’étape finale de la collaboration avec France 7 dans l’optique de Paris 2024, elle devrait encore évoluer sur la saison 2023-2024 dans le sens d’une plus grande participation des clubs professionnels au projet olympique. C’est la même chose pour la FFR qui va notamment lancer une Académie olympique dédiée au 7 « pour alimenter la filière et assurer la continuité après 2024 » confie Christophe Reigt. D’ici-là, le rendez-vous est déjà pris après le Mondial pour découvrir les noms de cette toute nouvelle liste « Objectif 2024 ».