À une semaine du début des HSBC SVNS Series à Dubai, le nouvel entraîneur de France 7 Féminin, Romain Huet analyse la préparation des Bleues et confie ses objectifs pour cette nouvelle saison.
Quel est votre ressenti après vos trois premiers mois à la tête des Bleues ?
Romain Huet : Tout va très vite et il y a beaucoup de choses à faire. On ne voit pas le temps passer donc c’est plutôt bon signe. Je me suis plus focalisé sur le fait d’être cohérent avec un groupe qui est jeune donc il y a forcément une phase d’apprentissage même s’il faut qu’on aille vite en même temps. Après, j’essaie d’être le plus authentique possible dans ma manière d’aborder le rugby à sept de haut-niveau et de fonctionner.
Vous reprenez les rênes d’une équipe dirigée pendant près de 15 ans par le staff de David Courteix, comment construire tout en gardant une certaine continuité ?
Romain Huet : On est toujours en héritage, toujours en continuité. C’est important car il y a des joueuses qui ont vécu les Jeux Olympiques de Paris et d’autres qui visent leurs troisièmes voir quatrièmes olympiades comme Camille (Grassineau ndlr). Ça, ce sont des choses importantes sachant qu’il y a des jeunes aussi. Pour moi, le tout est de trouver un amalgame entre les deux. Mais je dois dire que pendant ces trois mois, elles m’ont étonné sur leur capacité à agir en équipe le plus vite possible, à extrêmement bien vivre ensemble et à prendre le leadership. Il est bien sûr véhiculé par des joueuses qui ont plus d’expérience, mais on a des jeunes qui sont aussi dans ce leadership là. J’ai le sentiment que les choses sont très équilibrées et très agréables à vivre.
Traditionnellement, les Bleues ont construit leur projet autour d’un gros socle défensif, quelle philosophie souhaitez-vous amener ?
Romain Huet : Je suis aligné avec ça. Pour moi, le fait de bien défendre à 7 est primordial. C’est en cohérence avec notre culture. On veut jouer un rugby total, complet, fait d’initiatives, d’intelligence avec bien sûr quelques repères collectifs. J’aime répéter que le rugby est un jeu. Il faut jouer et pour ça, il faut développer un état d’esprit particulier. Répéter n’est pas suffisant. Il faut être joueur. Et ça, c’est quelque chose qu’on essaie d’inculquer au quotidien, d’essayer de jouer avec les paramètres du jeu, les consignes, pour développer des choses au service de l’intelligence.
Dans ce sens, comment analysez-vous vos premières oppositions, à Gibraltar et Capbreton, face à la Grande-Bretagne et l’Espagne ?
Romain Huet : Il y a eu beaucoup de contenu. En tout cas, le projet est bien partagé par toutes. On peut noter qu’on est bien aligné sur ce qu’on veut faire et là où on veut aller. Ce sont nos repères parce qu’entre des filles qui ont différentes expériences à 7 et d’autres qui arrivent, c’était quand même le premier défi de s’aligner très vite sur notre manière de jouer et notre philosophie. Ça rejoint une philosophie de vie et de travail de manière générale. On a plutôt été agréablement surpris par la capacité du groupe à faire équipe et s’aligner sur ces principes. Aujourd’hui, c’est une nouvelle aventure qui démarre pour pas mal de filles, une nouvelle réalité, mais elles abordent ça avec beaucoup de plaisir.
Le groupe est composé de nombreuses jeunes joueuses issues de France Développement et de l’Académie Olympique, qu’est-ce qu’elles apportent au quotidien ?
Romain Huet : Je vous laisserai les découvrir petit à petit. Ce que je tiens à dire, car c’est quelque chose qui est très important pour moi, c’est qu’on a un groupe qui vit bien et qui est connecté. Il y a beaucoup de fraîcheur et d’authenticité. Si je me revendique d’être dans l’authenticité, je tiens à ce que tout le monde le soit aussi et je dois dire qu’on est plutôt bien équilibré sur la vie de groupe et la capacité à travailler fort ensemble. Après, on aura des épreuves en compétition qui seront formatrices et importantes à vivre. C’est pas parce qu’on est en début de cycle qu’on doit plus apprendre, on apprend toujours. Pour définir ces jeunes joueuses, je dirais qu’elles ont beaucoup d’appétit, que ce soit sur le terrain ou dans la vie. Elles ont beaucoup de joie de vivre et ça rend les choses beaucoup plus faciles.
Dans une semaine, ce sera le début de saison à Dubai, quelle est l’importance de ce premier tournoi ?
Romain Huet : Cela va être le premier pour beaucoup de joueuses et ça, c’est une découverte importante. Après, si on remet les choses en perspective, il faut en passer par ces étapes. Ça va être super intéressant, ça va être hyper riche. Nous ce qu’on souhaite, c’est avoir beaucoup de contenus, de choses à bosser pour pouvoir avancer et vite être en cohérence avec notre culture de travail, de vie et de jeu.
Vous allez retrouver l’Espagne et la Grande-Bretagne en poule ainsi que les États-Unis, parlez-nous de ces futures adversaires.
Romain Huet : On va retrouver l’Espagne qu’on joue actuellement à Capbreton et forcément, quand on se joue en opposition comme ça, il y a déjà des choses qui commencent. On a joué la Grande-Bretagne à Gibraltar et ça s’est plutôt bien passé. A nous d’être très vigilants parce qu’on est sur un sport qui n’aime pas le relâchement et le relâchement, il peut être coupable. Et puis les États-Unis vont être sur une dynamique après leur médaille olympique et en vue des prochains Jeux chez elles à Los Angeles. Forcément, les Américaines auront un investissement qui va être costaud. J’ai hâte de voir ça.
Quels sont les objectifs de cette première tournée ?
Romain Huet : Le but pour nous sera de prendre les choses les unes derrière les autres avec trois matchs par jour donc tout va aller très vite. L’objectif, c’est d’être ambitieuses. L’ambition, c’est quelque chose qui se décrète au quotidien et en compétition. On veut être ambitieuses dans tout ce qu’on fait. Donc il n’y a pas de minimum, ni de maximum. On veut aborder tous les matchs avec ambition et clairement faire basculer ceux qu’on doit gagner.