Plus de deux mois après le Séville Sevens, les joueurs de France 7 vont retrouver les HSBC World Rugby Sevens Series ce week-end à Singapour. L’entraîneur, Jérôme Daret, revient sur la progression, la préparation et l’ état d’esprit de son groupe avant cette cinquième étape de la saison. (Crédit photo : World Rugby)
Le bilan des tournois espagnols
Jérôme Daret : Très frustrants parce que l’on rate deux matchs importants (Angleterre et Argentine). Même si « raté » n’est pas le mot exact, nous les avons réussi sans le résultat attendu. Je pense que c’est le manque d’expérience sur des situations de jeu spécifiques. Il faut que l’on amène beaucoup plus de précision technique pour être en capacité de maîtriser ce que l’on recherche sur chaque phase de jeu. Si l’on arrive à avoir un “body language” efficace, cela aura un impact sur les prises de décision. Cela est lié à la maîtrise de la règle et aux comportements techniques qui y sont associés. Les joueurs y apportent aujourd’hui en tout cas de plus en plus de réflexion et de questionnement. À un moment, les choses se rééquilibreront et seront à notre avantage. Mais il ne manque rien, ça se joue à des détails. Les joueurs travaillent durs et cherchent notamment à être en capacité d’être de plus en plus malins pour maîtriser ces moments clés. Nos jeunes gagnent aussi en expérience et celle-ci nous sera profitable.
Après, les équipes se sont aussi rajeunies en face et les standards se sont élevés. Les jeunes joueurs présents aujourd’hui avec l’équipe de France sont déterminés et ont de l’ambition donc c’est chouette. Ils possèdent également une grande capacité à jouer en équipe, ce que l’on va tenter de maintenir. On a aujourd’hui un socle de joueurs qui va nous permettre d’avoir de la consistance à n’importe quel moment. Toujours avec cette ambition d’intégrer de nouvelles têtes qui viendront étoffer le potentiel de l’équipe pour les 14 tournois qui arrivent dans les prochains mois.
Stage de préparation à Elche ponctué par des oppo contre l’Espagne 🇪🇸 et l’Irlande 🇮🇪 …
— Julien Robineau (@JulienRobineau) March 21, 2022
… avant de s’envoler pour les tournois de Singapour 🇸🇬 #singapore7s et Vancouver 🇨🇦 @CanadaSevens
Place à l’affutage pour ce dernier microcycle #vitesse #explosivité @FranceRugby pic.twitter.com/60vd5xirUU
Les ambitions de jeu
JD : Le jeu français ambitionne de faire vivre la balle. Il amène une dimension de mouvement, de maîtrise du tempo, de changement de rythme. Notre jeu, celui de l’équipe de France, impacte ! Au-delà d’être plaisant à voir, il est capable aujourd’hui de marquer rapidement, d’être dans la résilience défensive, de rattraper des coups même à cinq mètres de notre ligne.
Jonathan Laugel, Jordan Sepho ou encore Joachim Trouabal l’ont fait sur le tournoi de Malaga par exemple. Paulin Riva vient contester sur tous les rucks de manière efficace, Varian Pasquet a la capacité de percuter fort et d’être franchisseur sur la ligne de défense. Je veux que l’on nous attende partout ! Si l’on est mauvais dans un secteur, on sera toujours bon dans un autre. Il faut que l’on arrive à sortir d’un secteur dans lequel nous ne sommes pas à l’aise sur un match pour basculer sur autre chose. C’est cette diversité qui impacte et perturbe un peu le système. On a aujourd’hui les joueurs pour ça et il faut que l’on continue à étoffer cette équipe pour rester inattendus.
La préparation du Singapour Sevens
JD : Nous avons eu du temps pour préparer le cycle long qui arrive où nous allons enchaîner Singapour et Vancouver, puis Londres et Paris, avant de clôturer la saison en août à Los Angeles. On avait deux mois devant nous donc on redémarrait quasiment sur une pré-saison. Il y avait trois phases de montée en puissance (deux stages à Capbreton et un à Elche en Espagne ndlr) tout en essayant de maintenir les joueurs en autonomie et en responsabilisation entre chaque période. Les joueurs doivent être de véritables sportifs de haut-niveau et être en capacité de réguler leur charge de travail dans le but de pouvoir l’assumer ensuite sur le terrain lors de leurs prises de décision.
L’autre mission était de pouvoir matcher sur ces trois cycles avec une ambition de travailler un peu au-delà de ce que peut nous proposer les World Series et aller chercher plusieurs axes de développement : la cohésion, la résilience et la capacité à être performant sur une deuxième journée de tournoi. Nous sommes aussi accompagnés par l’INSEP sur la récupération, la gestion du trajet, l’alimentation liée au décalage horaire… Nous avons des processus, des préconisations qui nous sont proposés. Nous pouvons ainsi nous en servir. Pour l’acclimatation, nous avons une salle dédiée au CNR de Marcoussis que nous avons utilisée avant de partir pour se préparer à la chaleur et l’humidité de Singapour notamment.
Reprise de l’entraînement collectif avec une session méthodique à Singapour 🇸🇬
— Julien Robineau (@JulienRobineau) April 3, 2022
S’acclimater à la chaleur / humidité 🥵 et s’adapter au décalage horaire ⏰ @FranceRugby #Singapore7s #France7 pic.twitter.com/2qnug3uNKs
La dimension mentale
JD : Le très haut-niveau, c’est être dans l’exigence mentale, froid, voire glacial sur les moments clés. Avoir l’ambition de conclure un match, de marquer quand nous sommes en position de marque mais également de faire le dos rond quand nous sommes en difficulté. Même quand nous ne sommes pas performants sur notre jeu, c’est de réussir à trouver les armes pour conclure les matchs quoiqu’il arrive. On se prépare donc mentalement à tout ce qui va arriver notamment sur l’intelligence émotionnelle. La cellule de recherche nous aide et aide les joueurs sur la gestion des matchs, leurs prises de décision, la maîtrise de leurs émotions et la gestion des périodes plus délicates comme celle que l’on vient de vivre. Cela permet aux joueurs de se régénérer et de travailler aussi beaucoup de choses quand ils ne sont pas avec nous.
On essaye aussi de mêler tout ça à une ouverture d’esprit pour ne pas être cloisonné au monde sportif. Le fait de s’ouvrir au monde nous décontextualise de la pression de la compétition et de ce qui gravite autour du monde des sportifs de haut-niveau. Cela passe par des sorties, parfois culturelles ou simplement des balades, en ville, dans des parcs comme à Alicante. On est aussi allé au Louvres à Abu Dhabi et on a fait l’exposition universelle à Dubaï. Nous mêlons aujourd’hui l’art et la culture aux entraînements avec un fil rouge lié au changement de rythme et la maîtrise du tempo.
J’aimerais souligner l’état d’esprit des joueurs. Ils fonctionnent en équipe, ils ont envie de réussir ensemble. Quand un jeune rentre dans le groupe, ils sont capables de l’accompagner. Ils s’investissent sur tout !