Retour sur l’annonce de la liste « Objectif 2024 » en octobre dernier, une mesure qui renforce la collaboration entre les clubs de TOP 14 et le staff de France 7 à deux ans des Jeux Olympiques (crédit photo : World Rugby).

La saison professionnelle de rugby à 7 s’est terminée la semaine dernière sur une phase finale très disputée à Paris La Défense Arena. Et même si ce sont les expérimentés monégasques qui ont remporté le trophée, les pépites françaises ont encore brillé. L’Aviron Bayonnais tout comme le Stade Rochelais ont plus que perturbé les futurs finalistes grâce notamment à quelques Champions d’Europe U18 cet été (Victor Hannoun et Hoani Bosmorin). Le premier nommé était d’ailleurs l’un des meilleurs marqueurs et la révélation de cette ultime étape. Titrés aussi avec les Bleuets du 7, Théo Attissogbe et Grégoire Arfeuil goûtaient eux à une nouvelle finale avec la Section Paloise. Et puis, il y avait les néo-capés avec France 7, Thomas Carol (Pau) et Paul Leraitre (Racing 92), tout juste médaillés de bronze à Hong-Kong et sur le podium de l’In Extenso Supersevens 2022.

Justement, et si cette troisième place au Hong Kong Sevens était déjà en partie le fruit de l’essor du Sevens dans les clubs de TOP 14 ? En y regardant de plus près, les conditions étaient réunies depuis quelques mois pour arriver à cette performance. Il y a eu cette victoire au Elche 7s mais aussi les étapes estivales de ce championnat de France à 7 professionnel en août où figuraient la majorité de cette jeune garde. 12 des 13 joueurs médaillés avaient même déjà participé à la compétition, un vécu à 7 qui aura certainement aidé. « Quand la LNR a décidé de se lancer dans le rugby à 7, c’était l’un des objectifs majeurs : aider les performances de France 7 en vue de Paris 2024, se souvient Lucien Simon. Il y a des joueurs qui étaient totalement anonymes quand le Supersevens a commencé et qui prennent déjà la direction de l’équipe de France à 7, c’est quand même incroyable pour une compétition qui existe véritablement depuis 2 ans. Cela permet aux clubs de révéler des talents et c’est que du bonheur ».

Pour le vice-président de l’institution en charge du Sevens, cette liste « Objectif 2024 » apparaît comme le « dernier étage de la fusée » avec 12 clubs sur 14 qui ont signé la nouvelle convention (Brive et Lyon ont déjà un joueur chacun sous contrat avec France 7). « Cela fait donc 12 joueurs supplémentaires à disposition de France 7 sur 12 semaines. C’est absolument énorme ». De son côté, l’entraîneur des Bleus, Jérôme Daret, se satisfait aussi de pouvoir assurer la pérennité des joueurs dans le projet tricolore. « Si on veut continuer à performer, il faut avoir les joueurs avec nous le plus possible. Cette avancée va permettre de consolider la performance de France 7 même s’il y aura toujours de nouvelles têtes qui arriveront. La porte reste ouverte à tous les joueurs des championnats français ». Un effectif élargi et la perspective de rotations prometteuses qui plait aussi à Aaron Grandidier-Nkanang, espoir conventionné avec France 7 sous contrat avec le CA Brive Corrèze, qui a brillé dans la Mecque du 7. « On retrouve tout le temps des nouveaux joueurs, c’est cool. Les anciens sont toujours là pour les aider à intégrer le plan de jeu et tout le monde se tire vers le haut ».

Pour Jean-Pascal Barraque, cette liste est une belle opportunité pour lui de continuer son double projet avec l’ASM en TOP 14. « Je suis très content car j’avais fait part de ma volonté de continuer le 7 lorsque j’ai prolongé trois ans à Clermont. Il y a la perspective des JO en France, je n’ai pas pu faire les deux derniers, donc c’est vraiment quelque chose que j’aimerais faire ». Une liste « homogène » pour le centre auvergnat qui y retrouve quelques anciens coéquipiers sous le maillot bleu comme Pierre Boudehent, Antoine Zeghdar ou encore Teiva Jacquelain. « Cela me fait plaisir de les revoir et je pense qu’ils peuvent beaucoup amener à cette équipe. Il me tarde de refaire des tournois avec eux ». Ce qui était « un pari » tôt dans sa carrière est devenu une porte ouverte sur l’Élite à 15, un lien entre les deux disciplines qui paraît de plus en plus évident pour les clubs professionnels.

« Franchement, cette convention démontre qu’il y a une belle dynamique dans la plupart des clubs, s’enthousiasme Jérôme Daret.  Ils ne sont pas encore tous convaincus mais il y en a qui commencent à se rendre compte du vrai accélérateur de particules et du laboratoire de recherche qu’est le 7 pour l’avenir du rugby. Il faut souffler sur les braises et si l’équipe de France arrive à cartonner ça va donner un élan supplémentaire à ce travail collaboratif ». Dans les rangs de la LNR, le ressenti est sensiblement le même. « J’ai le sentiment que ce qui était vécu par les clubs comme une contrainte, principalement pour des questions de surcharge du calendrier, apparaît finalement comme une bonne idée, analyse Lucien Simon. Aujourd’hui, beaucoup de clubs observent que le 7 peut générer des opportunités sportives, économiques et marketing. Tout le monde semble se prendre au jeu et c’est ma plus grande satisfaction ».