Désormais cadre de l’équipe de France masculine de rugby à sept, Stephen Parez-Edo revient sur la première sortie de son équipe lors des tournois de Dubaï et dresse un état des lieux de cette saison très particulière pour la sélection tricolore.
Stephen, vous venez de terminer la première tournée de la saison à Dubaï, sur deux tournois, quels étaient les objectifs fixés avant la reprise du circuit mondial ?
Stephen Parez-Edo : On n’avait pas forcément d’objectifs très clairs, mais je pense que l’on avait tous des objectifs individuels par rapport au collectif. C’était surtout la première sortie pour un grand nombre de joueurs sur la scène mondiale, il fallait donc qu’ils prennent goût à ces World Series et qu’ils se rendent compte du niveau pour savoir sur quoi travailler par la suite. Le premier tournoi a permis à tout le monde d’apercevoir le niveau des autres, donc cela nous a permis de mieux travailler pour le second. Sachant que le seul objectif que l’on s’est fixés aujourd’hui, c’est que nous travaillons pour devenir champions olympiques en 2024 !
La plupart d’entre vous était à la finale du Supersevens avant la reprise avec France 7, quel programme avez-vous suivi entre cette finale et le premier tournoi à Dubaï ?
SP : Comme pas mal de tournois ont été annulés en ce début de saison, on a voulu en profiter pour pouvoir matcher un maximum avant la reprise de la compétition. C’est pour cela que l’on a joué à Elche, à Tours, et même si sur ce dernier on a joué cinq fois l’Irlande d’affilée, cela nous a permis de prendre des repères entre nous sur le terrain. Maintenant, entre le Supersevens et Dubaï on a eu peu de temps de préparation ensemble, ce qui ne nous a pas forcément mis dans le confort. Et le résultat s’est peut-être vu sur le premier tournoi. Au final, cela nous a permis de nous remobiliser derrière et d’être prêts pour rivaliser sur le second.
Deux tournois avec deux ambiances très différentes, un à huit-clos, un avec le public, comment l’avez-vous vécu de l’intérieur ?
SP : C’était très intéressant car même si le classement a été plutôt mauvais sur le premier tournoi, on a tout de même réussi à montrer des choses positives, les matchs se sont vraiment joués sur des détails. On était donc contents de notre performance même si on savait que le plus gros des tournois allait arriver la semaine d’après avec le retour du public, la famille, les amis. Le deuxième tournoi avait donc un goût forcément très différent. Je pense que le fait d’avoir des supporters présents nous a porté aussi et nous a permis de faire les quelques efforts supplémentaires en plus qui sont très difficiles quand tu es dans le rouge.
Autre facteur particulier, le format du tournoi qui était resté sous la forme olympique à 12 équipes, quel a été votre ressenti par rapport au format habituel ?
SP : Je trouve que c’est un format qui nous impacte moins que les précédentes années. J’ai l’impression que le niveau s’est énormément resserré, les équipes sont toutes devenues ultra compétitives. Donc au final, si tu veux te qualifier, qu’il y ait 3 ou 4 poules, il faut être supérieur à tout le monde, surtout avec l’objectif que l’on a, à savoir aller chercher une victoire sur un tournoi cette année. Même si sur un tournoi à 16, il y a un peu moins le droit à l’erreur.
The dive for the line. The hair flowing in the wind. The love heart celebration.
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Tu parlais de cette nouvelle génération “France 7”, en tant que joueur expérimenté de la sélection quel regard portes-tu sur les jeunes qui arrivent ?
SP : En début d’année, je ne savais pas trop à quoi m’attendre. Il y avait beaucoup de joueurs que je ne connaissais pas forcément. Mais au final, je trouve que le staff a fait un superbe travail de ciblage car les joueurs qui sont arrivés sont vraiment bourrés de qualités, chacun dans leur domaine, ce qui fait qu’aujourd’hui, nous avons un groupe complet car chacun amène sa pierre à l’édifice. Je pense que cette année, notre équipe a de quoi faire rougir les plus grandes nations. Nous allons forcément manquer un peu d’expérience et on risque de passer par des moments de frustration mais c’est de bon augure en tout cas pour les prochaines années.
Des joueurs t’ont surpris en particulier ?
SP : Je pense avoir été un peu surpris comme tout le monde par Nelson Épée qui a été vraiment impressionnant. J’ai beaucoup aimé aussi Varian Pasquet, qui a été très intéressant en défense mais également sur le plan offensif où il a réussi quasi-systématiquement à casser le premier plaquage et à servir ses partenaires sur un offload. Le poste de 6 demande certaines exigences et il a réussi à remplir le rôle parfaitement. En tout cas sur les premières journées, car sur les deuxièmes, il était out à chaque fois ! (il rigole)
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Comment te situes-tu aujourd’hui dans ce groupe avec ce rôle de « papa » ?
SP : J’appréhendais un peu ce nouveau groupe en début de saison mais au final cela s’est super bien passé et je suis content d’avoir un peu ce rôle d’”ancien” aujourd’hui car cela renouvelle mes objectifs. Cela me donne de l’importance dans l’équipe et je trouve ça très intéressant d’avoir aussi ce rôle de constructeur dans le groupe. Même si ce n’est pas évident tous les jours car certains jeunes qui rentrent sont de belles têtes brûlées !
Tu as dû t’apercevoir que ça avait également bien tourné chez les équipes adverses, qui t’as personnellement impressionné ?
SP : Les Sud-Africains sont hyper impressionnants, notamment sur les phases de rucks. Ils ont une espèce d’agressivité qu’ils mettent aussi sur leurs montées défensives et qui est hyper étouffante. Et même s’ils manquent un premier plaquage, ils ont toujours un mec qui vient très vite te faire tomber derrière et un autre prêt à venir gratter avec beaucoup de vitesse. Il va donc falloir que l’on travaille le fait de rester debout le plus longtemps possible en attendant le soutien pour les contrer. Après, il y a aussi l’Argentine. C’est une équipe qui injecte des nouveaux joueurs presque chaque année. Je trouve qu’aujourd’hui ils ont un collectif qui commence à être bien rôdé et qui est difficile à déstabiliser. Pareil pour l’Espagne qui a fait un gros travail ces dernières années avec une équipe qui n’a pas beaucoup bougé. Les nations qui arriveront à faire la différence seront pour moi celles qui arriveront à créer un collectif le plus rapidement possible.
Pour rester sur la partie sportive à proprement parler, qu’est-ce qui a bien marché pour vous sur ces deux premiers tournois et au contraire, qu’est-ce qui n’a pas vraiment fonctionné ?
SP : On en parlait juste avant, la priorité va être de créer un collectif rapidement. Donc l’un de nos axes prioritaires va être d’établir des connexions entre nous sur le terrain. Il va falloir également travailler nos postures sur les rucks et peut-être apprendre à moins déplacer le ballon par moment. Le 7 professionnel demande parfois plus de patience. Un autre point d’amélioration, ce sont nos réceptions sur les coup d’envois. On a réussi à corriger le tir lors du deuxième tournoi, ce qui nous a permis d’être meilleurs, mais sur le premier, on a été beaucoup trop faiblards dans ce domaine, ce qui nous a privé de pas mal de ballons. Notre gros point positif en revanche ce sont les mêlées. On a réussi à embêter toutes les équipes donc il faut que l’on garde ça.
Aujourd’hui, France 7 pointe à la septième place du classement général, quel regard porte l’équipe sur cette position ?
SP : Nous n’avons pas encore eu le temps de faire le bilan, mais ce qui est sûr, c’est que si l’on fait une septième place sur le prochain tournoi, ça ne sera pas le résultat espéré, ce sera même une déception ! Aujourd’hui, avec l’équipe que l’on a, on doit pouvoir viser le Top 5 voire le Top 3 ! Notre objectif est de faire partie des plus grandes nations du circuit et de gagner un tournoi.
Quelle est la priorité de ce fait pour France 7 aujourd’hui : les Jeux Olympiques en 2024, la Coupe du Monde l’été prochain ou le circuit et ce fameux tournoi à aller chercher ?
SP : La priorité aujourd’hui c’est le circuit. Nous avons de la chance d’être tête de série à Malaga pour la prochaine étape et donc d’aller potentiellement chercher un quart voire plus. On a en tout cas évité la poule de la mort, même s’il va falloir quand même ne pas sous-estimer nos adversaires. Nos regards sont en tout cas tournés vers l’Espagne et Malaga.
Les deux prochains tournois vont donc avoir lieu en Espagne, c’est un peu la maison pour toi ?
SP : Oui je vais avoir pas mal d’amis et de la famille qui vont venir. Ça va être top ! J’espère surtout que le tournoi va prendre et qu’il y aura du monde. Les deux villes sont magnifiques, on va jouer en Europe, là où le rugby est plutôt présent. Des Français vont sûrement venir, des Espagnols, des Anglo-Saxons, ça va être une belle fête !
Quel va être le programme de France 7 jusque-là ?
SP : Nous allons attaquer en janvier par un stage à l’INSEP, puis un autre derrière avant de partir à Malaga. Certains ont d’ailleurs déjà repris l’entraînement, cela dépend un peu du temps de jeu de chacun et des éventuels pépins physiques. Pour les autres, un programme va nous être envoyé pendant les fêtes pour que l’on s’entraîne de notre côté.